Le journaliste et intellectuel marocain Hamid Barrada sort son Anthologie d’entretiens [Volume I, 1977-2012], un recueil qui conserve une mémoire animée de l’histoire du Maghreb, du continent africain et des régimes nés au lendemain des indépendances.
La Maison du livre Kulte Edition annonce la parution de l’Anthologie d’entretiens [Volume I, 1977-2012]. Il s’agit d’une sélection d’entretiens choisis menés par le journaliste et intellectuel Hamid Barrada. Édité par Yasmine Naji, dirigé par Yto Berrada, cet ouvrage de 744 pages immortalise une mémoire animée de l’histoire du Maghreb, du continent africain et des régimes nés au lendemain des indépendances. «Avec l’assiduité exemplaire de l’enquêteur, Barrada y tisse un lien intime avec ses interlocuteurs, restituant la mémoire depuis ses éclats épars, racontant la grande histoire en creusant dans les failles du récit personnel. À travers les échanges retranscrits surgissent les voix de ceux qui ont fait leur époque, militants, écrivains, exilés, punis, repentis, condamnés à mort dont Barrada fait partie», explique la maison Kulte Edition. En effet, le lecteur découvre une sélection d’entretiens réalisés avec plusieurs personnalités de grand calibre, on y trouve Mohammed Harbi, «Pour Ben Bella, il y a avait plus important que les frontières…1977», Mohamed el Hadi Hadj-Smaïne (La seule erreur de Ben Bella 1978), Hassan II (Le drame du Maroc, c’est de n’avoir pas eu affaire à un seul colonisateur, mais à deux : les Espagnols et les Français 1985), Abdallah Laroui (Pourquoi j’ai marché 1980», Mohamed Ben Saïd (Marx, Lénine et Hassan II…1980), Jean Lacouture (ou la carrière d’un aventurier 1982), M’Hamed Boucetta (Ni cadeau ni chantage 1992), Pierre Messmer (Ce que Hassan II m’avait dit sur Oufqir 1993), Philippe Gaillard (Comment Foccart a appris à parler 1995). Il y a lieu à citer également Lotfi Akalay (Maroc : hommes, femmes, mode d’emploi 1995), Hubert Védrine (Les Arabes ne l’oublieront pas 1995), Mohamed Tozy (Voyage au cœur de l’islamisme marocain 1999), Abdelaziz Alami (Je suis un militant du capitalisme 1989), Rachid Ghannouchi (Nous allons trinquer 1990) et d’autres. Une fois de plus, cette anthologie n’est pas qu’un témoignage, elle est aussi un hommage à cet intervieweur hors pair, cet équilibriste aiguisé, pour qui la conversation est un art. Ses répliques ont une tonalité qui lui est propre, mélange de grande précision et de saine irrévérence. Il existe indéniablement un style Hamid Barrada.
Parcours : Hamid Barrada, né en 1939 à Tanger, dans une famille nationaliste exilée de Fès. C’est un journaliste et intellectuel marocain. Engagé en politique dès sa jeunesse, Barrada est élu président de l’Union nationale des étudiants du Maroc (UNEM) en 1962. Son militantisme lui vaut d’être condamné à mort par contumace en 1963, au même moment que Mehdi Ben Barka. Il entre en clandestinité puis s’exile en Algérie puis en France, jusqu’en 1978 lorsqu’il reçoit la permission du retour au pays natal. Diplômé en philosophie, en droit et en sociologie politique, il rejoint l’hebdomadaire Jeune Afrique, où il devient grand reporter. Il en sera le rédacteur en chef de 1974 à 1985 et collaborateur régulier, avant d’être nommé directeur Maghreb/Moyen-Orient de la chaîne francophone TV5. Il participe comme témoin à huis-clos à l’Instance équité et réconciliation (IER), créée en 2004. Il anime l’émission culturelle Mais Encore ? sur la chaîne 2M entre 2007 et 2018 (dont les échanges feront l’objet du second volume à paraître d’Anthologie d’entretiens). Il vit aujourd’hui à Casablanca, où il est installé depuis 2012.