Culture

Perdicaris, un site naturel et historique très fréquenté

© D.R

Dans la forêt Perdicaris, en cette journée tiède et ensoleillée du mois de mai, beaucoup de gens sont venus y passer quelque temps en famille ou en amis. C’est l’heure du déjeuner, une ambiance particulière règne sur les lieux. Quelques uns s’occupent à préparer le repas. D’autres discutent ou se prélassent sous les arbres alors que quelques jeunes et moins jeunes ont escaladé la montagne pour contempler la mer.
La beauté du site Perdicaris se distingue par un mélange de la mer de la montagne et de la forêt. Les enfants, eux, ne sont pas insensibles à ce paysage paradisiaque. La joie se lit sur leurs visages alors qu’ils jouent au ballon ou courent à l’ombre des arbres. «Cette ambiance dure toute la saison printanière et perd un peu de son intensité en été. Le taux de fréquentation augmente pendant les week-ends, les vacances scolaires et surtout le jour férié du premier mai», explique un vendeur ambulant de boissons gazeuses et des sucreries à l’entrée de la  principale porte de la forêt.
S’étendant sur une superficie de près de 70 ha, cette forêt est considérée comme un patrimoine naturel et historique. Elle fut la propriété d’un diplomate américain d’origine grecque et à la retraite. Il s’agit plus précisément d’Ion Perdicaris qui a choisi en 1872 de s’installer à Tanger. Il a acheté ce domaine et y a construit une villa où il a vécu pendant longtemps avec son épouse anglaise. «Cet ancien diplomate était un grand amoureux de la nature et a introduit dans sa propriété plusieurs espèces de plantes exotiques qu’il les a ramenées de l’étranger. Et il a réussi à en faire un beau  domaine où il avait l’habitude d’organiser de grandes fêtes et auxquelles il invitait des dignitaires marocains et étrangers», révèle Mly Driss Charif D’Ouazzane, un connaisseur de l’histoire de la ville.
Cette forêt fut le lieu de rencontres de plusieurs jeunes couples. Et c’est là que le conseiller du Sultan Moulay Hassan 1er, Haj Abdeslam Charif D’Ouazzane a vu pour la première fois sa jeune épouse anglaise Emilie Keene. «Ma grand-mère Emilie était invitée par la famille Perdicaris pour passer quelque temps dans leur propriété. Fascinée par la ville de Tanger, elle a voulu y prolonger son séjour.   C’est ainsi qu’elle fera la connaissance de mon grand-père qu’elle épousera par la suite», assure M. Charif D’Ouazzane. «J’ai, se souvient M. Charif D’Ouazzane, accompagné ma grand-mère pour rendre visite à Mme Perdicaris. C’était en 1917 et j’étais alors âgé de 12 ans et j’étais captivé par la beauté de cette végétation qui entourait la villa des Perdicaris et aussi par l’accueil qui nous a été réservé par cette famille anglaise. Ma grand-mère et Mme Perdicaris continuaient à échanger les visites», faisant remarquer que   «cette famille anglaise connaîtra un grand malheur, car M. Perdicaris sera kidnappé en 1924 par Ahmed Raïssouni et ne sera libéré que contre versment d’une  rançon. Et je crois que cela a été parmi les causes principales qui ont poussé les Perdicaris à quitter le Maroc pour retourner vivre en Amérique».
Bien qu’elle soit dans un état de délabrement avancé, la villa où logeait la famille Perdicaris trône toujours sur les lieux. Elle se présente sous forme d’un petit château avec une vue prenante sur la mer. Mais elle est connue par Dar El Glaoui parce qu’il a habité quelque temps et pendant le protectorat. Ce bâtiment deviendra au lendemain de l’indépendance un domaine public. Une source d’eau qui date de la deuxième partie du 19ème siècle se trouve à proximité de cette maison. Ce site qui a fasciné dans le passé de grands dignitaires marocains et étrangers se distingue toujours par une luxuriante végétation et une multitude de plantes exotiques. Et selon le chef du service provincial des eaux et forêt de Tanger, Abdelaziz Edoiyer, cette forêt est considérée parmi les plus importants sites d’intérêt biologique et écologique (SIBE). Elle dispose de ce fait de tous les atouts pour abriter un jardin botanique et un espace de détente pour les Tangérois. «C’est ainsi qu’une convention a été signée entre le conseil de la région de Tanger-Tétouan, la wilaya de Tanger et les services forestiers pour la gestion, la sauvegarde ainsi que la pérennité de cette forêt», explique- t-il.
«Du point de vue bioclimatique, poursuit ce responsable, cette zone est caractérisée par un climat thermoméditerranéen humide et chaud. Alors que du côté bioécologique, elle se distingue par une diversité floristique, une végétation naturelle composée de chêne liège, chêne zèle et chêne kermès avec peuplements artificiels de Pin pignon et d’Eucalyptus globulus». Et de souligner que ce site comprend également une des populations animales diversifiées. «Quelques 16 espèces de mammifères et 55 espèces d’oiseaux ont été recensés dans cette zone. Laquelle se distingue par des espèces très rares qui renforce la particularité et la richesse de cette région ».

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