Marrakech est célèbre grâce à la place Jamaâ El Fna, reconnue mondialement et inscrite par l’Unesco comme étant «un patrimoine immatériel de l’humanité». La place qui se trouve au cœur de l’ancienne médina de Marrakech, demeure depuis des siècles le cœur battant de la cité ocre. Animée tout au long de la journée, elle offre un spectacle continu, un mouvement irrésistible créé par les acteurs de cette place réputée mondialement, notamment les conteurs, les charmeurs de serpents, les restaurateurs traditionnels… Tout visiteur est charmé par les plantes médicinales, les écrivains publics et les porteurs d’eau avec leurs costumes traditionnels.
Jamaâ El Fna abrite continuellement un brassage d’échanges culturels ainsi que des activités tant festives que commerciales. En revanche, la cité impériale a connu récemment le sit-in des conteurs de Jamaâ El Fna. Ahmed Radi est conteur à la place depuis plus de 51 ans.
Il fait partie des sept conteurs de Jamaâ El Fna les plus illustres. Témoin de plusieurs époques, chaque jour Ahmed raconte une histoire légendaire qui séduit les spectateurs. Selon Boubker Sadik, président de l’association «Folklore d’Issawa», les conteurs souffrent du manque d’espace. Vers l’après-midi, ces derniers sont concurrencés dans leur espace par les Nakkachate et les restaurateurs. Sadik souligne que la reconnaissance de l’Unesco doit être concrétisée. Certes, toujours selon le président de l’association «Folklore d’Issawa», c’est l’écrivain espagnol Juan Goytisolo, qui a œuvré pour l’obtention d’un fonds de 80 000 USD, en vue de la création d’une association qui unira tous les acteurs de la place Jamaâ El Fna, y compris les conteurs.
Mustapha a pris en charge ce montant afin d’exécuter les recommandations de Juan Goytisolo. Selon une lettre adressée à ALM et datée du 16 octobre 2005, l’écrivain écrit à Mustapha : «… Nous avons failli à nos promesses, manqué aux contrats avec l’Unesco, perdu toute crédibilité auprès de ceux qui aiment la place Jamaâ El Fna et travaillent bénévolement avec nous».
M. Goytisolo ajoute dans sa lettre : «Malgré ma démission irrévocable et le fait que je n’appartiens plus à l’Association, je pense que le mieux pour vous serait de faire le bilan de l’argent qui m’a été donné par l’Unesco à titre de président du Jury international sur le patrimoine oral et immatériel de l’humanité, fermer le compte – chèque dont tu as la signature et rendre ce qui reste à l’Unesco».
En outre, Omar Jazouli, président du conseil de ville de Marrakech, avait envoyé une lettre à Philippe Queau, représentant du bureau de l’Unesco au Maghreb, afin de démentir les propos des associations organisatrices du sit-in, et qui portent sur la réception du conseil de ville d’une subvention annuelle de la part de l’Unesco au profit de l’association des conteurs de Jamaâ El Fna. M. Queau a répondu à son tour en déclarant : «Je souhaite attester que le bureau de l’Unesco à Rabat n’a versé aucune subvention à la commune urbaine de Marrakech destinée aux conteurs de la place Jamaâ El Fna, ni passé de contrat dans ce cadre». Cette lettre est datée du 27 octobre 2008.
Par conséquent, l’unique fonds destiné aux conteurs était pour le président du Jury international sur le patrimoine oral et immatériel de l’humanité, à titre de président d’une association à but non lucratif qui avait pris en charge ce même fonds de 80 000 USD pour la création d’une nouvelle association à Marrakech en faveur des conteurs. M. Jazouli a certes affirmé à ALM : «La place Jamaâ El Fna comporte 560 intervenants entre conteurs et autres artistes. Ce sont 11 conteurs qui sont présents tous les jours à Jamaâ El Fna dont 7 considérés comme de véritables conteurs d’histoires. Je demande au ministère de la Culture de mettre en œuvre un statut qui saura encadrer ces intervenants de la place Jamaâ El Fna. Le conseil de ville est désormais prêt à entamer une convention de partenariat avec le ministère de la Culture pour adopter un statut légal pour ces conteurs et préserver par la même occasion ce patrimoine humain marrakchi. J’invite les conteurs à initier leurs richesses culturelles aux nouvelles générations afin que notre patrimoine ne disparaisse avec le temps».