Culture

Portrait : Bouchra Ijork, derrière la caméra

© D.R

Au commencement était le théâtre. Bouchra Ijork a fait ses premiers pas au complexe culturel Moulay Rachid, situé à proximité de Hay Essalama, quartier périphérique de Casablanca, où elle a vu le jour. Dans ce complexe, Rachid Fekkak animait un atelier de  formation aux arts dramatiques. C’est là qu’elle apprendra les b.a.ba de la scène, alors qu’elle était encore au lycée. En 1994, après avoir décroché son bac option littérature, elle passe son concours d’admission à l’Institut supérieur d’art dramatique et d’animation culturelle (Isadac). Une porte s’ouvre alors devant cette comédienne ambitieuse, ce sera parti pour quatre ans d’études couronnées d’un exploit dont Ijork se souvient avec affection. « Pour mon projet de fin d’études, raconte-t-elle, j’ai adapté et monté un auteur que j’admirais depuis que j’étais lycéenne. Il s’agit du Pain Nu de Mohamed Choukri.
Ce roman autobiographique m’a marquée à ce point que je n’ai pas résisté à l’idée de le monter sur scène. Je m’identifiais à son héros, qui n’est autre que le double de son auteur. Mohamed Choukri a un parcours qui m’a pour le moins fascinée, il incarne la volonté d’un adolescent qui, en dépit de l’analphabétisme et du dénuement, finit par apprendre la lecture et surmonter sa condition pour devenir l’un des écrivains internationaux les plus en vue à l’époque contemporaine ». Ijork dit avoir une dette envers l’auteur du « Temps des erreurs ». C’est grâce à son « Pain Nu » qu’elle a « attrapé » la passion non seulement de la lecture ( je lis beaucoup, dit-elle), mais aussi et surtout de l’écriture. Le scénario, Ijork en a écrit d’ailleurs plusieurs. Le scénario de la 1ère partie de la sit-com « Lalla Fatema », porte sa signature, autant que celui de «Karaouane», un court-métrage qu’elle a réalisé elle-même. Ce premier coup d’essai, qu’elle a réalisé aux termes de ses études de formation à l’Ecole nationale supérieure des métiers de l’image et du son de Paris, n’a pas laissé indifférent. Celles ou ceux qui l’ont vu en juin 2004 en avant-première au complexe culturel Sidi Belyout non seulement l’ont aimé, mais ils en redemandent.
Séduits par la construction dramatique de son scénario, ils ont également apprécié son histoire inspirée de faits recueillis par Ijork alors qu’elle était à Paris. Il s’agit d’un film documentaire qui retrace le parcours d’un Libanais, super-étoile de la danse orientale dans l’Hexagone, mais desservi par sa réputation d’homosexuel. Ce film a été tellement intéressant qu’il a décroché le Prix du 11ème Festival international d’Art-Vidéo de Casablanca, une participation aux Journées cinématographiques de Beyrouth, sans oublier son passage au  Festival international du court-métrage de Tanger. Loin d’avoir tourné la tête à Ijork, ce succès l’a confirmée dans sa détermination à aller de l’avant. Maintenant, Ijork vient de mettre les dernières retouches à son deuxième court-métrage intitulé « Al Bahja » dont elle a écrit le scénario à l’Institut Goethe de Damas, dans le cadre d’un projet proposé par le même Institut pour l’écriture et la réalisation de courts-métrages pour enfants. Comme son titre l’indique, ce court-métrage porte sur la ville de Marrakech à travers le regard de deux enfants qui travaillent comme cireurs de chaussures. En ce qui concerne le long-métrage, Ijork nous dit ne pas avoir peur de l’envisager. Pour le moment, elle préfère fignoler des courts en attendant d’avoir les moyens de son ambition. Pour le reste, elle s’estime bien outillée pour franchir le cap. Ijork capitalise une riche expérience en direction de comédiens, d’autant plus qu’elle a tourné dans plusieurs films et téléfilms. Elle vient d’ailleurs de rentrer de Damas (Syrie), après trois mois de tournage dans la série télévisée « Le maître des amoureux » de Firas Dihni. Dans cette série, Ijork campe le personnage principal « Hind », décrite sous les traits d’une
« femme très belle et très intelligente », raison pour laquelle elle finira par charmer son élu du cœur, «Qaïss», devançant plusieurs autres belles filles de sa tribu. Cette participation de premier ordre vient s’ajouter à un actif déjà bien étoffé. Ijork y compte des participations dans plusieurs téléfilms nationaux: « Les Racines de l’Arganier » d’Abbas Fourak, « Mémoire de Wardia » de Mohamed Hassini,
« Ghazl al-waqt » de Mohamed Charif Tribek… Ijork vient également de tourner dans le télé-feuilleton de Leïla Triki, « Maria Nasser », dont elle a par ailleurs réécrit le scénario. Une forte sollicitation qui, pour Ijork, n’a qu’une explication : être sincère dans le travail. Au-delà de la sincérité, il y a l’engagement d’Ijork sur des valeurs. Pour cette actrice, une œuvre artistique ne prend sa signification que si elle sert une cause. Ijork a répondu « présente » à chaque fois qu’elle a été sollicitée pour des créations à vocation humanitaire. On pense particulièrement à sa participation à la pièce de théâtre « Histoire de femmes » de Naïma Zitane. Par cette pièce, il s’agit de rendre hommage au combat des femmes pour obtenir leur émancipation. Pour vulgariser les idées véhiculées par cette pièce, il a fallu organiser une tournée dans différentes villes du Royaume. Au total, 60 représentations en ont été données dans des petites et grandes villes.
Sur le point de savoir quel genre artistique elle préfère, Ijork parle de cinéma. « J’aime être derrière la caméra, je m’exprime mieux par le moyen de l’image».
S’agissant de théâtre, sa passion première, Ijork nous dit : « Il est toujours en moi ». Reste à savoir pourquoi elle ne le pratique pas autant que le cinéma. « Le théâtre demande plus de disponibilité », explique-t-elle. Maintenant, sur la télévision, pour Ijork elle reste un passage obligé pour tout acteur qui veut se faire connaître du large public.

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