El Amine Demnati est une figure singulière, atypique de la peinture contemporaine. Il est bourré de contradictions qu’il ne cherche pas à réduire. Individualiste, asocial, solitaire, sensible à fleur de peau, écorché vif, fragile, franc, un peu fou, impatient et fantasque, réservé et agressif, il refuse le groupe et le dialogue, mais se sent rejeté. Il semble parfois comme absent, déconnecté de la réalité. Mondain et secret – il aime à la fois paraître et vivre caché. Imprévisible, jaloux comme un artiste peut l’être d’un autre, s’il vient d’ailleurs, mystique et superstitieux – les jnoun et le mauvais oeil existent, romantique et cynique, timide et arrogant, taciturne et exubérant, il aime le luxe et la simplicité en tout. C’est un séducteur qui ne cherche pas à plaire. Il voit la beauté cachée et n’a pas l’oeil dans sa poche. Créateur original dans sa façon de bâtir, de peindre, de s’habiller, de cuisiner, de dessiner et de couper les robes de sa femme, d’enluminer de henné des mains célèbres, c’est un mélange explosif d’origine aïssaoua et fassie, un personnage de conte oriental métissé de dandysme anglo-saxon. Indécis et sûr de lui, Orgueilleux et empli de doutes, Bon vivant et angoissé par la mort, par la peur de disparaître avant d’avoir assouvi sa soif de reconnaissance, il rêve de laisser une trace artistique de son passage. Il attribue sa chance à Nadia : comment ne pas penser à Nadja, la muse d’André Breton ?
Extrait du texte de Michel Bouvard