Culture

Portrait : Didane, le salut par le théâtre

© D.R

Abdellah Didane n’aurait peut-être jamais imaginé que les vents puissent tourner en sa faveur. Né le 12 janvier 1968 à Rabat, d’un simple soldat des Forces auxiliaires, il aura été contrarié par des circonstances difficiles pour mener une enfance normale. Deux ans après sa naissance, il déménage à Bab Chaâfa (Salé), l’un des quartiers à la réputation peu reluisante. Là-bas, des circonstances contraignantes l’obligèrent à couper le nombril avec sa famille. Le pire aurait pu lui arriver s’il n’y avait pas ce «père des arts», qui l’a entouré de sa tendresse. Il est vrai qu’au départ, le penchant de l’enfant pour le théâtre n’était pas vu d’un bon œil par le père. Mais ce dernier finira par être convaincu, notamment après avoir pris sa retraite et rejoint la troupe «Fonoun» en tant qu’éclairagiste grâce à la sollicitation de son fils. Cela remonterait à 1991, quand, après des allers-retours entre les maisons de jeunes de Salé, l’enfant débarqua chez la troupe d’Anouar Al Joundi: « Fonoun ». Ce fut parti pour dix ans, ponctués de plusieurs coups d’éclat: « Kolla yalghi belghah », «Saâdi brajli», «Allah yatâmna hlal », «Assaraha raha», «adiplome w’derbouka», etc. La même année, Didane fut sollicité pour jouer dans la pièce « Wazir gharnata » (mise en scène d’Abdessamad Dinya). « C’est la première fois que je joue un rôle principal », nous dit-il, d’un ton emphatique. Ce fut le rôle du conteur. Sur la question de savoir ce que cette expérience lui aurait apporté, M. Didane nous répond que son principal mérite est de lui avoir fait connaître le grand metteur en scène Abdessamad Dinya. «Je dois à ce grand monsieur de m’avoir appris à me tenir correctement sur scène», reconnaît-il. Mais bien avant cela, en 1989 précisément, A. Didane a pu également côtoyer la fine fleur de la scène lors d’une opérette intitulée «Chorouq», montée par Abderrahmane El Khyatt. Parmi les comédiens côtoyés, le regretté Larbi Doghmi, Mohamed El Jem, Abdelkader Motaâ, Naïma Lamcherki, Malika Omari, etc. « Cette opérette m’a permis de me faire connaître du public», se réjouit-il. Autrement dit, ce fut sa révélation. Passé ce moment, c’est avec Anouar Al Joundi qu’il fera ses plus longues classes : plus de dix ans ! C’était si long pour ne pas finir par se remettre en cause. Et c’est chose faite. A. Didane était conscient de la nécessité d’un travail de remise en question, il lui permettra de quitter la troupe « Fonoun ». En effet, A. Didane en avait assez d’avoir à faire le « pitre ». « J’ai fait part à mes collègues de l’envie de faire du théâtre sérieux, en vain », regrette-t-il. Quoi qu’il en soit, A. Didane a tiré de grands avantages de son expérience avec « Masrah Fonoun ». «Même si j’ai quitté cette troupe, je resterai toujours à sa disposition », dit-il en guise de reconnaissance. Après avoir abandonné la troupe, il s’est tourné vers la télévision. Il a réussi à y installer une tête grâce à son passage dans le téléfeuilleton « Sarab » (Chimère), écrit par le regretté Mohamed El Harti et mis en scène par Hamid Bennani. Ce ne fut pas sa seule apparition sur le petit écran, il s’est également illustré dans d’autres téléfeuilletons comme « Min dar l’dar» d’Abderrahman Mouline, sans oublier ses nombreux sketches télévisés. Malgré cette percée remarquée sur la petite lucarne, il est resté fidèle à son premier amour : le théâtre. Ainsi rejoint-il, en 2000, la jeune troupe «Tensift». «J’ai intégré cette troupe parce qu’elle était d’abord toute jeune, et puis parce qu’elle faisait un théâtre simplement et parfaitement ancré à la réalité marocaine», explique-t-il. A. Didane y est resté jusqu’à aujourd’hui. Pas plus tard que vendredi soir dernier, il a refait apparition avec cette troupe lors d’une représentation au Théâtre national Mohammed V (Rabat), de la pièce «Attaslim lil assiad».
S’agissant de cinéma, A. Didane compte plusieurs rôles dans des films tels que «Bye bye Souirti» et «Aoud Errih» (Aoulad Syad), «Soif» (Saâd Chraïbi) et «Le Regard» de Nordine Lokhmari.
Grâce à ce travail patient, A. Didane est devenu l’un des meilleurs comédiens.
Qui a dit que seul le beau peut sauver le monde ?

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