Culture

Portrait d’un artiste au service de Saddam Hussein

"Auparavant, les gens me considéraient comme un artiste important. Ils m’aimaient. Aujourd’hui, ils me traitent de sculpteur de Saddam", affirme-t-il, assis dans le jardin d’un atelier de sculpture à l’abri des regards indiscrets, en s’assurant nerveusement que son pistolet est bien dans sa poche.
Tous les régimes totalitaires ont toujours utilisé les artistes pour magnifier leurs dirigeants et Saddam Hussein n’a pas échappé à la règle, au contraire. Les monuments et les peintures du dictateur figuraient partout et étaient plus nombreux que les feux tricolores.
Mais le despote disparu et les symboles de la tyrannie écrasés et brisés dans les rues, les artistes irakiens commencent à s’interroger sur le degré de compromission qui était nécessaire pour survivre. Certains, comme M. Khamis, ne voyaient d’autres moyens pour exercer leur art que de produire des oeuvres qui satisfassent la mégalomanie de Saddam Hussein.
D’autres, comme Nasser al-Chaoui, ont tout simplement refusé. "Ce n’était pas de l’art mais de la propagande", dit-il, assis dans ce qu’il reste de la faculté des Beaux-Arts de l’université de Bagdad, ravagée par des pillards après la chute de la capitale. Beaucoup d’artistes étaient brisés par la vie qu’ils menaient sous l’ancien régime pour continuer à travailler, souligne Ayad al-Husseini, grand calligraphe islamique, qui vient d’être élu doyen de la faculté des Beaux-Arts.
Selon lui, beaucoup d’artistes se sont retrouvés le ventre creux et désespérés car ils ne pouvait pas faire l’éloge du tyran alors qu’ils connaissaient sa brutalité.
En revanche, M. Khamis était obsédé par la célébrité et il savait qu’il n’y avait qu’un moyen pour parvenir à ses fins.
"J’ai eu l’idée de créer 12 sculptures montant Saddam dans les moments importants de l’histoire de l’Irak, la guerre avec l’Iran, la nationalisation de l’industrie pétrolière… Une des statues mesurait huit mètres", dit-il.
Présentée l’année dernière et payée avec ses propres deniers, l’exposition de ses oeuvres lui a valu des entretiens avec des télévisions du monde entier et les faveurs de l’Etat.

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