Mahassine El Hacchadi est la lauréate du Grand prix de la compétition «Cinécoles» du 10ème Festival international du film de Marrakech pour son film «Apnée». Influencée par les réalisations d’Ingmar Bergman et Johan van der Keuken, Mahassine est sur la voie pour atteindre son rêve. Son ambition est de faire des films et d’en faire d’autres. Agée de 28 ans, cette réalisatrice de la nouvelle génération vient d’achever sa dernière année d’étude en cinéma. «Je crois que la formation est très importante dans tous les domaines, et notamment dans le domaine de l’art», confie-t-elle.
Le cinéma pour elle est un rêve. «A travers le 7ème art, on ne fait que rêver et parfois cela peut virer au cauchemard. J’ai plein de rêves et beaucoup plus de cauchemars que je vous invite à découvrir dans mes prochains films», a-t-elle déclaré à ALM. Son idée du cinéma est que celui-ci aide à comprendre, à découvrir et surtout à chasser ses propres démons. Grâce à son talent et son amour pour le cinéma, cette jeune lauréate de l’école supérieure des arts visuels de Marrakech (l’ESAV) a pu convaincre le jury de la compétition «Cinécoles» présidé par Volker Shloundorf. Elle a ainsi présenté une narration originale pour un sujet fort avec de très belles images. «Apnée» est son projet de fin d’étude à l’ESAV de Marrakech primé au Festival de Marrakech. «Apnée» raconte, d’après elle, l’éternel désir de passer à l’âge adulte et de se libérer de l’autorité et des interdits représentés par le père. «Il ne s’agit pas de tuer son propre père, c’est juste une métaphore qui représente l’envie de grandir et d’assumer ses propres choix. Mon personnage qui est emprisonné dans le rôle de la fille au début et celui de la mère par la suite, n’arrive pas à se libérer», explique-t-elle. Mahassine croit que dans chaque famille marocaine il y a une «Meriem» qui n’a pas pu avoir une vie à elle. Une femme qui est passée de la fille d’un homme à la femme d’un autre. C’est toujours la même histoire: commencer par être la fille d’un homme et finir par devenir femme d’un autre. Selon elle, l’idée du film est née en pensant à ses femmes. Son film nous immerge en dix minutes dans le quotidien d’une jeune femme au chevet de son père vieilli et souffrant, incapable de s’assumer et subvenir à ses besoins les plus intimes. Le devoir et l’affection du père lui imposent minute par minute de s’occuper de lui. De sa toilette, passant par son alimentation, jusqu’à ses ablutions quotidiennes de la prière de l’aube, elle fait tout pour ce vieux pieux intransigeant qui se prépare à la mort. Mais elle n’arrive plus à respirer… elle pourrait être soulagé s’il arrête de respirer plus tôt que prévu. Mais est-ce que son apnée, son calvaire, cessera pour autant ?
Impressionnée devant un public nombreux, Mahassine a reçu le trophée des mains de la sublimissime Eva Mendes. «Je ne m’attendais pas de recevoir le Grand prix. Il y avait des films qui m’ont touchée personnellement». Rappelons que ce prix est doté personnellement par SAR le Prince Moulay Rachid, président de la Fondation du FIFM et initiateur de cette idée, d’une récompense de 300.000 dirhams. «Je remercie énormément Son Altesse Royale le Prince Moulay Rachid de m’avoir accordé l’opportunité de réaliser un autre film», a souligné à ALM Mahassine. Et d’ajouter : «Ce prix me donne l’occasion de vous raconter une nouvelle histoire. Il m’a donné l’espoir et me rassure d’avoir choisi le cinéma comme moyen d’expression».