Portrait/Hommage : Houcine Tallal, adieu l’artiste aux qualités humaines indéniables

Il est considéré comme l’un des symboles de l’art marocain contemporain comme en témoignent de nombreuses études et articles critiques qui traitaient de son expérience artistique et célébraient son parcours.

Le monde de l’art est en deuil. Le vétéran Houcine Tallal, le fils de la légendaire Chaibia, s’est éteint samedi à Casablanca, à l’âge de 80 ans. Depuis l’annonce de la triste nouvelle, artistes, galeristes et professionnels de l’art pleurent la perte de ce grand nom majeur de l’art plastique au Maroc et à l’étranger. Ils ont livré des témoignages émouvants sur son art et ses qualités humaines.
Son ami artiste et galeriste Youssef Douieb qui l’a côtoyé de près s’est montré particulièrement attristé. Il atteste en effet que la disparition de Houcine Tallal est «une grosse perte pour le monde de l’art au Maroc et surtout une perte humaine. Il fut d’un paternalisme sans faille. Dans mon cas, non seulement, en tant que galeriste et artiste, il nous honorait systématiquement de sa précieuse présence et sa collaboration». Et d’indiquer «ses qualités humaines indéniables connues pour tous. Il était très généreux et avait un grand cœur. Ce grand artiste s’est éclipsé pour laisser briller le travail de sa mère. Tallal vivait par sa mère et vivait pour sa mère».

Le galeriste et fondateur de la Compagnie marocaine des œuvres d’art, Hicham Daoudi, a également rendu hommage à Tallal. Sur sa page officielle Facebook, il a écrit «Adieu mon vieil ami Houcine. Tu étais vraiment un homme de bien, et c’est important de le souligner ici. L’histoire a commencé à revisiter ton travail et elle ne tardera pas à comprendre ta réelle place dans la modernité artistique marocaine. Tu avais très tôt «inventé» une autre façon de concevoir la peinture figurative et tu as résisté à l’appel d’une parole abstraite unique quand il était plus facile de se jeter dans l’idéologie abstraite».

Il faut dire que Houcine Tallal a commencé à peindre avant sa mère, l’immense Chaibia. Grande figure de la peinture marocaine contemporaine, les aléas du destin l’ont installé à l’ombre de la stature dévorante d’une mère immensément célèbre. C’est pourtant un peintre accompli par la touche, le travail, plastique, la facture mais aussi la pertinence du regard et la signification qui se dégage de ses œuvres, comme le qualifie la Fondation nationale des musées. Il est considéré comme l’un des symboles de l’art marocain contemporain comme en témoignent de nombreuses études et articles critiques qui traitaient de son expérience artistique et célébraient son parcours.

Traversant diverses périodes créatives et usant aussi bien de la peinture que du dessin. Il a toujours été intéressé par les personnages de cirque, les troubadours et les marginaux, comme s’il ressentait une profonde similitude entre leur condition et celle des artistes peintres. Il a peint des personnages de cirques, des clowns avec des couleurs vives, accentuant la lourde tristesse de leurs visages. Sa démarche a évolué par la suite vers une représentation, en noir et blanc, d’enfants aux corps et aux visages contorsionnés. L’aspect lacéré, voire torturé, de certains de ses personnages. Le défunt a participé à de nombreuses expositions à travers le monde. Depuis 1967, il a exposé à la galerie la Roue à Paris et au Salon de Mai au Musée d’Arts Modernes de Paris en 1974. Il compte à son actif plusieurs expositions, notamment en Espagne, au Danemark, en Amérique et en Égypte.