La peinture, l’écriture et la poésie se côtoient, s’interfèrent chez Khadija Boukaroune. Dans ses œuvres, les signes, les couleurs, les images sont son moyen de voyager dans le temps, de retourner à l’enfance, de se délivrer du présent, de toucher l’éternité. Artiste autodidacte, Khadija Boukaroune est née à Demnate le 20 novembre 1965. Elle utilise dans son travail toutes sortes de supports usés par le temps: tapis ancien, «Abana», toile et autres lambeaux vecteurs d’histoire, ayant un vécu, une légende à transmettre. Elle les manie, en extrait l’essence, revivifie les couleurs chaudes inspirées de tous ces tatouages, orfèvrerie, tapisseries, édifices et calligraphie –tifinagh- qu’elle a emmagasinés depuis l’enfance et qui se sont gravés à jamais dans l’intégralité de «son être». «J’ai encore le souvenir de ce tapis sentant le bouc, du foulard sans âge d’une damnée du douar, de ces vieilles couvertures de bergers et la sensation d’entendre leur suffocation à vouloir s’exprimer», souligne l’artiste. Et d’ajouter : «Ma pensée est inévitablement pour leurs tisseuses qui, sans s’en douter, véhiculent et œuvrent à la sauvegarde d’un patrimoine ancestral en déperdition». Ainsi c’est une artiste originale, audacieuse, elle pour qui Dali est la référence absolue. Mais elle est surtout très attachée à ses origines. L’Atlas l’inspire, c’est sa source d’imaginaire. Elle va dans les villages les plus reculés, mais qui sont pour elle riches d’émotion et en symbole. Elle y chine, épluche, détecte tout élément qui est porteur de sens, de sensation et de repère qu’elle utilisera dans ses toiles. Tout un langage, un code en découle. Ainsi pour Khadija Boukaroune, le temps n’est aucunement ennemi du «beau». «L’usé, vecteur d’histoire est matière malléable, se laissant façonner pour une infinie diversité plastique pouvant répondre à toute forme expressive. L’usé, témoin de son passé, peut parler, veut révéler, narrer son vécu, son parcourt et sa dégénérescence. L’usé aspire à échapper à la fatalité de la désintégration…s’offrir une renaissance, basculer dans un noble devenir à en approcher l’immortalité», écrit-elle dans un texte autour de l’usure. Et son hyper sensibilité fait d’elle une artiste engagée, passionnée et sincère. Pour suivre sa vocation, elle est même aller jusqu’à laisser tomber sa carrière professionnelle dans un grand holding. Elle trace son chemin avec détermination et la foi en son art. Elle suit aussi les recommandations d’artistes émérites qui l’encouragent dans son art, notamment entre autres Abderrahman Ouerdanne qui a toujours cru en elle et parfois encadré jusqu’à ce qu’ une lumière et un effet de transparence rendent ces tableaux plus éloquents. Par ailleurs, Kahdija Boukaroun a plusieurs expositions à son acrif, notamment depuis 2003 elle a exposé plusieurs fois au Festival des Cimes d’Imilchil entre autre, en 2006 à Casa Del Arte – Casablanca, en mai 2011 lors de l’exposition «Collection collective jeunes peintres» à la Cathédrale Sacre-Cœur à Casablanca ou encore en avril 2011à l’exposition individuelle aux printemps des écoles scientifiques de Témara. Khadija Boukaroun est aussi écrivaine ayant plusieurs textes poétiques à son actif et membre de divers cercles littéraires.