Une vaste polémique voit le jour, Moussaoui étant le seul accusé entre les mains des Etats-Unis qui puisse aujourd’hui être lié au réseau Al-Qaïda d’Oussama Ben Laden. Rappelons que Moussaoui est accusé d’avoir participé au complot qui a mené aux attentats. Les Etats-Unis le soupçonnent d’avoir eu l’intention de prendre les commandes de l’un des avions précipités par des pirates de l’air sur des cibles à New York et à Washington, projet compromis par son arrestation le 16 août pour séjour irrégulier. Il se trouvait en prison le jour des attaques. 6 chefs d’inculpation ont été retenus contre lui dont 4 sont passibles de la peine de mort.
Selon l’avocat de l’inculpé, Edward MacMahon Jr, son client pense que le fait de rendre public sur un support visuel le procès lui garantirait un procès équitable. Une chose est sûre : prendre à témoin le public dans une telle affaire est complètement inédit et au-delà du fait d’informer les gens sur les motivations d’un terroriste présumé, pourrait révéler surtout les rouages d’une justice fédérale américaine souvent décriée à l’étranger : comment elle traite un terroriste, un Arabe, un Musulman, un étranger. L’enjeu est donc important. La décision difficile à prendre. D’autant plus que le procureur pourrait demander la peine de mort contre l’inculpé.
Cette requête d’une éventuelle retransmission, malgré l’interdiction des caméras dans les tribunaux fédéraux, provient de la chaîne de télévision câblée Court TV, spécialisée dans les affaires de justice, qui bénéficie de l’appui d’autres télévisions américaines. Déposée le 26 décembre, elle s’est heurtée à l’opposition des avocats du département de la Justice qui objectent une violation de la procédure criminelle fédérale et la sécurité des témoins, des jurés et des magistrats. La justice américaine craint également que les membres d’Al-Qaïda n’en tirent des enseignements utiles.
Selon l’avis d’Henry Schleif, P-DG de Court TV, «Nous sommes tous des victimes (…) Nous devons être autorisés à assister au procès de quelqu’un qui est soupçonné avoir pris part à la planification de la destruction dont nous avons tous été témoins». Par ailleurs, la direction de la chaîne accepterait de retirer ses caméras à certains moments du procès à la demande du juge, si notamment, la sécurité des Etats-Unis ou celle d’un témoin est en jeu.
La chaîne de télévision, qui touche environ 66 millions de spectateurs, a déposé une requête contre la décision de la Justice américaine, estimant qu’interdire la présence des caméras est contraire au Premier amendement de la constitution américaine relatif à la liberté d’expression.
Court TV appartient aux groupes AOL Time Warner et Liberty Media.