Culture

Professionnel jusqu’au bout

Volontiers volubile lorsqu’il s’agit de parler de son métier, le nouveau directeur de l’information de la MAP est avare de mots dès qu’il s’agit de parler de lui. Aller à sa rencontre dans le but d’en brosser un portrait, n’est pas chose aisée. Il fallait s’armer de patience et de diplomatie pour arriver à le convaincre de dire quelques mots sur son parcours, plutôt que de disserter sur sa rédaction à laquelle il est viscéralement lié.
Aller à sa rencontre, c’est aussi s’attendre à tomber sur une personne croulant sous les infos. Nous n’avons pas été déçus. Mohammed Khabbachi était bel et bien noyé dans son océan d’information. A preuve, à cinq heures de l’après-midi, il était encore en train de finir les dernières bouchées d’un sandwich pris sur le pouce. On s’attendait à rencontrer une personne réservée. On s’est retrouvé face à un être généreux, abondant d’informations, mais qui se referme avec élégance comme une huître quand il est question de se dévoiler, sans pour autant perdre le fil de la conversation. Il s’agit d’un vieux routier de l’info qui a réussi à prendre son virage avec douceur pour devenir ce qu’il est aujourd’hui : directeur de l’information au sein de la MAP. Ses premiers kilomètres dans la profession, il les fait en intégrant le service financier de l’agence en 1983. En 1990, la MAP organise un concours de journalistes se présente. Il tente sa chance. Il est reçu. C’est le début d’une carrière qui le mène en Afrique. En 1992, il est envoyé au bureau de la MAP à Dakar.
Le Sénégal est un pays dont il ne garde que de beaux souvenirs professionnels.
Sa gratification, il l’obtiendra lorsque la MAP a été la première agence de presse à annoncer la victoire d’Abdoulaye Wade aux élections présidentielles. Une fierté qu’il met d’ailleurs à l’actif de toute l’agence car ce qui le dérange le plus, c’est qu’on essaie de parler de lui. Il préfère davantage mettre l’accent sur l’esprit d’équipe que sur le caractère individuel.
D’ailleurs, notre entretien était de temps à autre entrecoupé de brèves concertations soit avec ses rédacteurs en chefs, soit avec un des membres de la rédaction. Au Sénégal, il se souvient très bien de l’alternance en douceur dans ce pays. Pour lui, il s’agit d’un événement de taille. En juin 2000, il est appelé à ouvrir le bureau international de la MAP en Mauritanie. Ce qui ne l’a pas empêché de continuer de couvrir de grands événements à l’échelle de tout le continent. Lorsqu’il a été sollicité pour occuper le poste de directeur de l’information de la MAP, il était conscient de la nature de sa mission. Mais il ne s’en plaint pas. Pour lui, il s’agit de relever un challenge. Il a commencé par revoir la structure de la rédaction. Son ambition est de développer l’esprit d’initiative chez les journalistes de la MAP. Ce qui l’a d’ailleurs incité à opter pour la délégation du pouvoir plutôt que de tout diriger tout seul. C’est cette nouvelle liberté d’action, impulsée par le directeur général de la MAP, Mohamed Yassine Mansouri, que Mohammed Khabbachi veut développer. Il n’a d’ailleurs pas hésité à nous entraîner dans une visite des lieux pour constater de visu le nouvel esprit qui règne dans cette vénérable institution. Sa nomination a coïncidé avec la campagne électorale. Et son premier pari a été de réussir la couverture des élections législatives. Avec le recul, il estime que cet objectif a été atteint. «Par rapport aux élections de 1997, la MAP a été beaucoup plus présente», souligne-t-il sur un ton de satisfaction. Il attribue cette réussite à la mobilisation de la rédaction de la MAP qui a fait preuve, selon lui, de professionnalisme, de dynamisme et d’esprit d’initiative.
Aujourd’hui, il a d’autres chantiers en perspective. Lui, qui a longtemps sillonné les capitales africaines, met les bouchées doubles pour donner à la MAP une nouvelle image. Il affirme que la MAP regorge de compétences journalistiques qu’il faut consolider.
Des compétences journalistiques auxquelles il entend donner toutes les chances de développement et d’épanouissement. Mais aussi faire profiter de son expérience. Car il n’est pas difficile d’imaginer que ce nostalgique du travail sur le terrain, entend à travers les jeunes loups continuer à exercer sa raison d’être : le journalisme.

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