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Quand Abdellatif Fdil fouille dans la poésie amazighe

© D.R

Il est rarissime de s’intéresser à la poésie amazighe. Cependant, le réalisateur marocain Abdellatif Fdil entreprend la démarche dans un tout nouveau documentaire en post-production. Il en fait l’annonce à ALM tout en révélant les dessous.

C’est l’histoire d’un poème amazigh qui anime le réalisateur Abdellatif Fdil pour concevoir son documentaire. Cette œuvre intitulée « Trois lunes derrière une colline» a des particularités à bien des égards. En voici un round-up.

Des rencontres avec des bergers-poètes !
A cet effet, le cinéaste fait, d’après ses dires, un «ensemble de rencontres avec plusieurs bergers-poètes qui estiment que leurs poèmes ont été composés d’après leur poétique». Et ce n’est pas tout ! Le réalisateur révèle une vérité à propos d’eux. « Ils aiment le travail plus qu’aucun autre…», dévoile M. Fdil. Les bergers-poètes qu’il rencontre sont au nombre de cinq dont Zaid Ouzdig (73ans), Sidi Amer, pionnier de la chanson amazighe dans la région Mbark El Moudden (27 ans) d’Aghdou à Ait Hdidou et Itto Zaqa (75 ans). « Ils commencent leurs œuvres par la fin, et travaillent, quand il leur plaît, à n’importe quelle partie», explicite l’artiste qui met en avant ce labeur. Le tout en qualifiant ces œuvres d’objet de luxe appelé «Tmdyazt» (poésie en langue amazighe). «Comme toute poésie, comme toutes «Timdyazine», celle des Amazighs que je déterre dans mon film exprime une vision de l’existence et de la vie, c’est un souffle omniprésent dans toutes les activités de l’homme amazigh : naissance, mariage, cueillette, tissage, moisson, fêtes, rites, etc.», poursuit-il. D’après lui, cette poésie existe et continue à exister. «Elle ne véhicule pas un message «dépassé» comme on tend à le croire, sa thématique est loin d’être unidimensionnelle ou redondante, sa valeur sociologique et sociale est incontestable. Elle a un auditeur mais pas de lecteur puisqu’elle continue à durer d’autant plus que ses thèmes sont adaptés à son public, autrement elle disparaîtrait ; elle s’adapte à son temps ; épouse les événements et d’ailleurs des imedyazen existent toujours », explicite amplement le créateur. Mieux encore, il valorise sa démarche.

Un travail de «mémoire»
« Je m’attache dès lors à la richesse du profil berger-poète qui s’empare de l’improvisation et, foncièrement, l’oralité pour s’exprimer. Je montre comment sa poésie est ancrée dans la tradition et appartient de ce fait à ce qu’on peut appeler «la poésie populaire» par opposition à la poésie écrite présupposée plus savante», s’exprime-t-il. D’après lui, cette poésie est aussi liée aux mécanismes de la mémoire, au chant, à la musique et à la danse qu’à l’écrit. La voix, l’instrument, le mouvement du corps sont les propres supports de cette poésie. «Les gestes, les inflexions de la voix, les intonations, les silences, les réactions des auditeurs, les états d’humeur, le genre de fête, de rencontre et de rite, les instruments, etc. sont les ingrédients qui concourent à la composition de l’oralité de cette poésie ; donc, de mon film», avance-t-il. Dans ce sens, le réalisateur, également enseignant à l’ISMAC de Rabat, s’exprime aussi sur le désir de concevoir un film « où le réalisme laisse quelquefois place à l’onirisme pour raconter avec poésie la réalité sociale qu’il met à l’écran».

Les particularités du tournage
Quant au décor, il prend place dans la campagne, notamment les montagnes du Moyen Atlas où les couleurs sont «solaires». Dans son tournage, «les gestes quotidiens des bergers dans leurs tâches en isolement, réalisés avec agilité, contrastent avec ceux de la découverte de leurs désirs charnels, plus malhabiles mais plus doux». De plus, le traitement du son «viendra donner du relief au film par une mise en avant du souffle des bergers qui marchent et des bruits parfois amplifiés autour de leurs expériences sensorielles ». En tout, l’œuvre aborde, différents thèmes dans la poésie amazighe notamment la solitude, les journées au souk, l’amour et la joie.

C’est le titre de la boite
Du côté de la production
Révélations : A ce propos, le producteur à la tête de Wiwan Films, qui n’est autre que le réalisateur, prend ce film pour un «pari». «Je produis donc l’histoire d’une passion populaire ; celle d’un coup de foudre ou d’un charme ; l’évidence d’une identité négligée. Comme tout désir, il échappe à la volonté, à la morale, à la raison. Je voudrais faire vivre au spectateur la beauté de cet émoi et le plaisir qu’il suscite à travers l’excitation que nous révèlent les «Trois lunes derrière une colline»», enchaîne-t-il d’emblée. Le tout en faisant un aveu. «Je me suis toujours intéressé à la figure du berger, un des plus vieux métiers du monde. Je les ai regardés, depuis mon enfance, travailler sur les alpages auprès des bêtes. Ils prennent soin de leurs troupeaux », raconte-t-il en rappelant avoir grandi dans les petites communes marocaines situées dans les montages de l’Atlas. Là où les Amazighs ont l’habitude d’inviter des Amediyaz pour animer leurs cérémonies ou fêtes de mariages. Des bergers qui deviennent de fabuleux poètes le temps de ces fêtes.

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