Culture

Quand de simples jeux d’enfants deviennent des supplices

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Les jeunes ont de bien étranges comportements. De la curiosité au courage, ils sont toujours prêts à se surpasser. Et quand il est question en plus de se faire traiter de poule mouillée, et bien ils seraient capables même de l’impossible. D’où les dizaines de jeux dangereux qu’ils ne cessent d’inventer. En tête de liste, vient le jeu du foulard. Ce jeu consiste en un étranglement volontaire, réalisé seul ou à plusieurs, dont l’objectif est de vivre une expérience et de connaître des sensations nouvelles. Cette expérience, d’apparence anodine, peut avoir des conséquences très graves, pouvant aller de séquelles irréversibles à la mort. Répandue dans le monde entier, et de plus en plus au Maroc, cette pratique sous ses différentes appellations à travers le monde est difficile à détecter car il ne s’agit pas d’un comportement violent ou suicidaire, mais simplement d’un jeu dangereux.
«Le principe est simple. Il suffit de conjuguer plusieurs gestes. D’abords une hyperventilation forcée obtenue en restant accroupi et en faisant de grandes inspirations. Une fois debout, on bloque la respiration, assorti d’une pression sur les carotides, voire d’une forte compression du sternum», explique Mohamed, un jeune Casablancais de 15 ans. Et de poursuivre : «directement un évanouissement se produit, précédé de sensations hallucinatoires. C’est une expérience unique qu’on est souvent tenté de revivre».
Une autre forme de ce jeu veut que le jeune se serve d’un foulard, d’une corde ou d’une serviette pour s’étrangler jusqu’à frôler la strangulation. Et puis dans sa forme primaire, le «jeu» est appelé «matisha» (la tomate), dans ce dérivé, les enfants jouent à retenir leur respiration le plus longtemps possible, ce qui peut également provoquer une syncope. Aussi, certains pratiquants deviennent dépendants. Tout aussi dangereux, un autre jeu très répandu en milieu scolaire a provoqué diverses dépressions nerveuses, chocs, voire suicides dans des cas rares. Il s’agit du jeu divinatoire «Ouija», également répandu sous la même appellation dans le monde entier.
Le «Ouija» est une planchette sur laquelle sont représentés les lettres de l’alphabet, les dix chiffres, ainsi que les termes «oui» et «non». Ce dispositif est utilisé de manière la plus fréquente dans une chambre éclairée à la lumière de bougie pour permettre à l’esprit contacté de se manifester de manière intelligible aux participants. «On se regroupe autour du Ouija. La séance se déroule généralement en comité restreint car il est nécessaire que chacun des participants pose son doigt sur la pièce de monnaie ou le fond d’un verre posé de travers. Et c’est cet élément que les esprits font bouger pour répondre à nos questions», explique Hasnae, une jeune adolescente habituée de la pratique.
Généralement, les novices sont pris de peur face au côté surnaturel de cette pratique et c’est là où réside le danger de dépression. Certains se disent possédés par un esprit et vont jusqu’à se suicider dans certains cas. Ainsi, ce qui s’apparente à une pratique innocente, généralement proposée par un copain ou un groupe d’amis devient très vite un jeu dangereux et irresponsable. Aussi, les jeunes ne savent plus quoi inventer pour se divertir.
Même provoquer une diarrhée chronique chez un camarade devient un jeu amusant. «Pour ça, c’est très facile. Il suffit d’acheter une «Habat Malek» de chez n’importe quel herboriste du quartier. Cette graine qui ressemble à une cacahuète est très connue pour ses vertus laxatives. On la mélange à une poignée de cacahuètes et on la propose à la victime qui généralement ne résiste pas à l’offre», explique Hafid, un jeune Casablancais. Par la suite la victime souffre d’une diarrhée chronique qui peut mener à la déshydratation. «Egalement en cette saison de «Achoura», il existe un jeu assez amusant, celui de cacher des pétards à la mèche allumée dans les habits de la victime. Plus le pétard est gros, plus c’est amusant», déclare Mohamed avec un large sourire. Ce jeu provoque généralement des brûlures de différents degrés et des séquelles. «Il existe un autre jeu que nous pratiquons dans le quartier et la majorité des garçons y sont passés. Le jeu consiste à venir à plusieurs pour porter un garçon lui écarter les jambes et  l’emmener en courant vers un poteau ou un coin de mur. Ainsi, l’impact du choc sur son sexe le fait se tordre de douleur. Et ça amuse tout le groupe. Pour la victime, c’est une souffrance atroce», explique Mohamed. Autant d’atrocités que les jeunes se font subir et auxquelles les parents et les éducateurs ne prêtent généralement pas attention. Il serait temps que les enfants et les adolescents parlent de leur mal souvent refouler pour ne pas passer pour la poule mouillée du groupe. Pour cela, il est impératif de travailler à la sensibilisation et l’écoute de ces jeunes.

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