Culture

Quand les cafés vibrent au rythme des stades

© D.R

Suivre des rencontres sportives dans les cafés ou dans des places publiques est une tendance qui s’accentue au fur et à mesure que l’offre en écrans télévisuels se diversifie. Il s’agit là d’un fait de société, partagé par des fans qui en font une raison et un mode de vie. Munis de maillots flanqués de leurs joueurs préférés, d’écharpes  aux couleurs de leurs équipes locales ou étrangères, de drapeaux aux multiples formes, de posters, de gigantesques bannières…la nouvelle génération de passionnés de football  préfère désormais partager sa ferveur pour le football dans des cafés ou dans des places publiques. Certains de ces passionnés  croient qu’ils partagent les mêmes valeurs et se soudent dans une cohésion parfaite. Le plus important étant de se retrouver devant un écran de télé et d’extérioriser ses propres fantasmes. Pour les uns, c’est un simple fait de société qui prendra le temps qu’il faut pour qu’il soit remplacé par une autre vogue. Pour d’autres, au café, ils ont l’impression de se retrouver dans les gradins du stade juste devant les joueurs qu’ils préfèrent. À chaque fois que l’équipe nationale passe à la télévision, les artères des villes  se désertent de leurs passants. Certains commerces baissent leurs rideaux alors que les cafés affichent le plein. Les  consommations connaissent une augmentation consistante  et doublent de prix pour certains cafés équipés d’un ou plusieurs écrans géants.  Certains cafés exigent même de payer la consommation à l’avance. «On est obligé de le faire, car certains clients, lorsque leur équipe favorite perd, s’énervent et quittent le café sans payer. Ils leur arrivent même de casser certaines tasses»,  explique un gérant de café qui affirme que la CAN-2008 est bénéfique pour ceux qui arrivent à organiser leurs clientèles. 
Pour sa part, Houat Farid, n’arrive pas à comprendre les augmentations qui affectent les prix. «Ils ramassent nos tasses alors qu’on a même pas fini notre café. En plus pourquoi je dois payer un café noir au prix d’une limonade ou d’un jus lorsque mon café habituel est pris d’assaut par des supporters en transe ?», conclut-il.  Lorsque l’équipe nationale joue, c’est tout un peuple qui se donne rendez-vous devant le petit écran.  Mais, il y a ceux qui préfèrent le calme de leurs maisons.  «Les vrais supporters, quant à eux, se réunissent au café pour encourager à distance et supporter chaque joueur», rapporte Anouar, un  inconditionnel de l’équipe nationale. Le visionnement est  accompagné d’applaudissements, de cris, de sifflets, de moqueries  et même d’insultes. La jubilation devient contagieuse et  l’emportement se transforme même en hystérie générale débordée par des émotions vives lorsque les supporters des deux équipes opposées s’intercalent.  Il arrive même que des querelles éclatent, par moment, provoquant une mêlée assourdissante et confuse. Les  explosions de joie se font entendre à des centaines de mètres. Par moment, la surexcitation s’estompe et reprend de plus belle avec les buts.  Une ambiance électrique pour des mordus habillés de maillots des joueurs nationaux ou étrangers et qui s’explosent à cœur de joie ou d’exaspération  après chaque but inscrit ou concédé.
Les phases de jeu applaudies, les paris lancés, les actions commentées à chaud  et l’ambiance est à son paroxysme. Certes, il y a des dépassements de temps à autre, mais la majorité de ces passionnés du football aux cafés  se rencontrent pour s’amuser et partager un moment de joie. «On n’est pas des hooligans et c’est pour cela d’ailleurs que nous avons déserté les stades. En plus, les billets d’entrée pour voir certaines  rencontres de foot au stade sont de plus en plus chers», explique Ahmed Boujettou, un fervent supporter du Mouloudia,  de l’équipe nationale et du  FCB.  Et d’ajouter que «le seul inconvénient réside dans la fumée qui étouffe dans certains lieux. Pour résoudre ce problème on est en contact avec un patron de café qui nous a promis de limiter sa clientèle aux non-fumeurs». D’ailleurs dans plusieurs villes comme à Nador, Fès et Agadir c’est déjà fait et les gens sont tranquilles. En plus, ils n’entendent pas de mots grossiers de certains fous furieux qui  gâchent même les moments d’extase. Dans certains stades, on ne peut assister à une rencontre avec un membre de sa famille vu les propos  qui choquent la bienséance, ajoute un autre fan du foot au café.
«Pour assurer le visionnement en direct des matches de la CAN par exemple, on a dû renouveler notre abonnement au bouquet de la chaîne satellitaire  qui transmette cet événement. La carte de décryptage est à 790 dirhams. Pour le championnat d’Espagne, une autre carte de 420 dirhams  est obligatoire et de temps à autre on est obligé de s’abonner à des bouquets français et espagnols à plus de 1200 dirhams pour ne rater aucune manifestation sportive», explique Miloud Grani, un patron de café.

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