Culture

Rachid Zeroual : Quand la flûte part à la rencontre du patrimoine gnaoui, la magie règne

© D.R

ALM : C’est votre première participation au Festival Gnaoua musiques du monde. Qu’allez-vous nous jouer ce soir ?

Rachid Zeroual : Ce soir, on se prêtera à une expérience artistique qui me tient à cœur. Il s’agit d’une fusion avec le répertoire gnaoui représenté par le grand Maâlem Abdelkader Amlil.  Le travail que vous allez découvrir aujourd’hui a nécessité un grand temps de recherche. Neuf morceaux ont été écrits spécialement pour ce soir.

Comment étaient vos débuts dans la musique ?

Cela fait 34 ans que je joue du Ney. Mes ancêtres ont été musiciens et l’histoire qui lie ma famille à la musique dure depuis 150 ans. Certains jouaient de la musique andalouse et faisaient partie de la cour royale et constituaient notamment le fameux orchestre 55.   Je suis toutefois le seul à avoir du penchant pour le Ney. Alors que les autres enfants préféraient d’autres jeux, moi, le Ney était mon passe-temps favori. J’avais cinq ans quand j’y ai touché pour la première fois et il ne m’a plus quitté depuis.

Quand cette passion a-t-elle viré vers le professionnalisme ?

J’ai intégré le conservatoire de musique en 1978, j’ai pris des cours de solfège avant d’avoir comme professeur, en 1989,  Larbi Laaouaoura qui m’a enseigné le Ney. J’ai eu le privilège d’avoir ce grand artiste comme enseignant. C’est un grand flûtiste qui maîtrise parfaitement et la musique classique et le Ney arabe. Je me retrouvais à jouer les sonates de Barthes avec mon Ney, et c’est de là que j’ai eu l’idée de développer cet instrument, de le libérer et de ne plus le figer dans ce canevas des répertoires classiques existants.

Pensez-vous que limiter le Ney à la musique arabe limite son rayonnement international ?
Je ne pense pas que la musique arabe inhibe la reconnaissance du Ney à l’international. Cet instrument existe d’ailleurs, bien avant chez nous, chez d’autres cultures ancestrales en Asie et ailleurs. Néanmoins, la musique arabe a ses règles tout comme la musique classique en a. Il y a des modes et des lois à respecter car la musique est après tout une science. Le plus à faire serait de développer cette musique en l’intégrant dans d’autres univers musicaux tels le Jazz et le Blues à titre d’exemple sans pour autant la travestir.

Vous avez vous-même orienté votre musique vers ces univers. Est-ce cela qui vous a ouvert les portes des scènes internationales ?
 Après une modeste expérience dans notre patrimoine arabe et andalou je me suis prêté au jeu d’expérimenter la «World Music». Tout naturellement et spontanément, ceci m’a permis de jouer auprès de grandes carrures artistiques internationales tels Archi Sheep, Jean Michel Jarre, Mohammed Abdou, Rabii Abou Khalil…J’ai également été invité à rendre hommage au grand Mawlana Jalal Eddine Rumi en Turquie. J’ai été parmi les 4 solistes venus du monde entier pour ce faire et j’en fus tout honoré.

Plusieurs artistes trouvent leur compte à l’international avant de se voir reconnaître à l’échelle nationale. En êtes-vous un ?

Ceci n’est pas faux mais permettez- moi de vous dire que c’est dans mon pays que je veux me produire et c’est à mon pays que je veux donner. Je n’ai jamais envisagé de quitter le Maroc pour acquérir plus de notoriété et  vous en touchez aujourd’hui le résultat. La devise que tout jeune artiste devrait avoir, même si l’infrastructure culturelle n’aide pas forcément, se résume en deux mots : « Travailler dur ». Ceci dit, tout n’est pas beau. A l’international, il suffit que vous soyez talentueux et que vous fassiez vos preuves pour qu’un producteur se dirige vers vous et fait de vous une vedette. Ici, la musique instrumentale n’a pas encore été intégrée à la fabrique musicale. Cette volonté de rencontre et cette communication entre producteurs et artistes n’ont pas encore eu lieu. Une fois chose faite, la musique instrumentale se portera mieux.

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