Le ministère de la Culture est à créditer de bonnes intentions. Il a initié de grands chantiers : le musée national d’art moderne, la Bibliothèque nationale, l’Académie de danse et de musique et le Musée royal du patrimoine et des civilisations. Aucun de ces projets n’a vu le jour. Les travaux de construction du Musée national d’art moderne ont été suspendus, et les autres projets sont mis en veilleuse. Ce ministère a créé le Fonds d’aide au théâtre. C’est ce qui explique la satisfaction des hommes de cette profession.
Cette aide dynamise d’une façon très relative les activités théâtrales dans le pays. Une représentation ou deux ne sauraient justifier l’octroi d’un financement à une troupe. Tous les dossiers soumis dans ce sens à la commission de ce ministère ne présentent pas le même intérêt. Certains méritent un plus grand financement que d’autres. Certains sont d’une meilleure qualité que d’autres. Aux responsables de trancher en donnant l’argent qu’il faut aux projets qui promettent de faire reprendre aux Marocains le chemin des salles. Le ministère de la Culture a créé un fonds de soutien à l’édition. La somme qu’il verse aux dossiers retenus correspond à 50 % du prix de l’imprimerie. Plus de 80 % des livres subventionnés sont écrits en arabe. Le soutien financier aux maisons d’édition est louable. Mais il ne semble pas satisfaire les professionnels du livre dont un bon nombre se voit opposer une fin de non recevoir. Ce ministère a élaboré un texte relatif au statut de l’artiste. Ce texte tarde à entrer en vigueur. Très rares sont en effet les artistes qui peuvent s’enorgueillir d’avoir une carte d’identité qui mentionne leur métier. Il n’existe toujours pas de loi régissant leur statut…
En somme, le ministère de la Culture a initié beaucoup de projets, mais très rares sont ceux qui ont vu le jour. C’est ce qui explique la grogne d’un grand nombre d’artistes et de professionnels de la culture. Ils sont fondés d’attendre plus de réalisations et moins d’initiatives laissées à l’abandon. À cet égard, la reconduction de Mohamed Achaâri à la tête de ce ministère est à placer sous le signe de la concrétisation des projets qu’il a lancés. Il aura fort à faire avec un ministère dont le budget de fonctionnement est pléthorique. Il aura fort à faire pour se réconcilier avec ceux qui ne croient plus en son ministère.
L’administration de la culture ne peut être l’affaire d’un Etat qui consacre moins de 1% de son budget global à ce domaine. Une somme aussi dérisoire appelle ce ministère à redéfinir ses missions. Il est appelé à jouer un rôle plus structurant et à associer les institutions privées à ses actions. Il n’y a aucun mal à faire intervenir le secteur privé tant que l’augmentation du budget de la culture n’est pas encore à l’ordre du jour.