Les décès par asphyxie à cause des appareils de chauffage à gaz continuent de défrayer la chronique. Pas plus tard que la semaine dernière, la douche a été mortelle pour un couple marrakchi. Et c’est encore une fois un appareil de chauffage à gaz qui est montré du doigt. En fait, la liste des victimes est longue. Suite à ces multiples accidents dramatiques, le ministère de l’Industrie, du Commerce et de la Mise à niveau de l’Economie a diligenté ainsi une enquête. « 115 incidents ont été signalés, ayant causé la mort de 25 personnes, exclusivement par asphyxie due essentiellement à l’utilisation de chauffe-eau usagers et à la mauvaise installation de ces derniers», annonce-t-on dans un communiqué sur les premiers résultats des investigations menées par les services de ce département.
Des accidents pareils ont été enregistrés dans différentes villes du Royaume. À Tanger, et au cours du mois de janvier dernier, le décès d’un couple récemment marié avait “secoué” les habitants de cette ville. Depuis, la polémique n’a cessé d’enfler. Les consommateurs ont commencé ainsi à se poser des questions sur l’origine et la qualité de ces appareils qu’on trouve dans presque tous les ménages. Comment une simple douche peut-elle se transformer en drame en quelques minutes ?
Le ministère de l’Industrie, du Commerce et de la Mise à niveau de l’économie se veut rassurant en annonçant que des actions de contrôle sur ces appareils sont constamment effectuées aussi bien au niveau de l’importation qu’au niveau local, à travers des campagnes de contrôle menées par les différentes délégations provinciales. "La marque de certification de qualité est apposée sur les produits étrangers de chauffage. Ce logo apposé sur l’emballage signifie que ce produit répond à des caractéristiques et à des normes de qualité. Malheureusement, les appareils fabriqués au niveau national n’ont pas encore cette certification.
Cependant, l’Etat veille sur la conformité du matériel aux normes de qualité, en menant des contrôles. Des appareils importés subissent des analyses avant leur introduction dans le marché marocain. S’il est avéré qu’il existe un écart par rapport à la qualité, on interdit l’accès des appareils au marché national. Ils sont ainsi soit réexportés ou détruits.", indique Abdellah Nejjar, directeur de la direction de la Normalisation et de la promotion de la qualité (DQN). Et d’ajouter : " Il existe un second contrôle au niveau local. Les services du ministère assurent une surveillance permanente du marché intérieur à travers 29 bureaux de contrôle répartis sur tout le Royaume. S’il y a non-conformité de l’appareil par rapport aux exigences des normes, les contrevenants sont poursuivis en justice. Actuellement, concernant les chauffe-eau à gaz, il y a deux ou trois cas de poursuite judiciaire engagée.".
Selon le ministère, pas moins de 68 prélèvements ont été opérés durant l’année dernière sur les produits à gaz et leurs accessoires importés, dont 36 sur les chauffe-eau à gaz. Selon toujours la même source, les résultats de ces prélèvements ont démontré la conformité de ces produits aux exigences des normes. Pour cette année, 28 arrivages de ces produits ont fait l’objet de prélèvements, dont 21 sont conformes aux normes et 7 sont en cours d’analyses.
Au niveau du contrôle du marché intérieur, au cours de l’année 2005, 612 prélèvements ont été effectués dont 84 opérés sur les produits chauffants à gaz. "Les produits dont les résultats sont non-conformes aux exigences des normes applicables font l’objet de poursuites judiciaires contre les commerçants concernés et sont interdits à la commercialisation", souligne dans sa note le ministère de l’Industrie, du Commerce et de la Mise à niveau de l’Economie. Les opérations de contrôle, menées dans les principales villes du Royaume dont Casablanca et Rabat, ont couvert 179 établissements.
Selon les premiers résultats de l’enquête, les chauffe-eau d’un établissement n’étaient pas conformes à la qualité de la combustion, ces appareils ont été suspendus de la commercialisation.
« Par ailleurs, le fait qu’il s’agisse de morts par asphyxie, par inhalation de gaz, soulève le problème de l’installation des chauffe-eau à gaz à l’intérieur des salles de bain, alors que ces appareils doivent être placés dans des espaces ouverts, bien aérés et avec une canalisation d’évacuation», conseille-t-on dans ce document.
En respectant ces règles, même en cas de défaillance, indique-t-on, due notamment à l’extinction de la flamme de la veilleuse, ou du non-fonctionnement du système d’allumage pour les appareils automatiques, le gaz dégagé non brûlé sera dégagé vers l’extérieur. Ainsi, la conséquence sur les utilisateurs ne pourrait pas être tragique.
Une campagne de sensibilisation auprès du grand public sur le respect des règles d’installation et d’emploi des chauffe-eau à gaz pour éviter ce genre d’incidents dramatiques s’avère nécessaire pour la protection de la vie des citoyens.