Parler de mariage, c’est parler de respect des traditions. Les modes changent, selon les régions et les époques. Avant, le mariage se faisait par la lecture de «la Fatha». Les deux fiancés n’avaient pas le droit de faire connaissance avant de convoler en justes noces. La famille se chargeait toujours de chercher une fille à leur fils dès qu’il devient majeur. C’étaient la Jmaâ et le Fquih qui assistaient, en tant que témoins, à l’écriture de l’acte du mariage. La dot était très symbolique. Au fil des temps, les traditions ont commencé à changer. Les parents choisissent la fille, mais le garçon a aussi le droit de faire sa quête, surtout s’il connaît déjà son âme sœur… Mais, dans les deux cas, l’intervention et le consentement des familles restent la pierre angulaire de la réussite de tout mariage.
Lorsque les parents trouvent leur future belle-fille, ils apportent de la viande (s’ils sont riches, un mouton ou deux) et des caftans pour la mariée… Après consentement, les familles se mettent d’accord sur ce qu’il faudrait offrir à la jeune mariée (vêtements, sucre, huile, farine…) et fixent aussi le montant de la dot. La famille de la fiancée souhaite toujours que le trousseau du mariage soit au niveau de leurs aspirations dans la mesure où les voisins et les familles ne parlent que cette «Khotba» (les fiançailles) et de ce que le fiancé a offert à sa future femme. Quelques jours après, ils se dirigent chez «Laâdoul» pour officialiser l’acte du mariage.
De nos jours, et chez quelques familles, des traditions subsistent encore. Une fois la jeune fille est choisie, la famille du mari achète du blé et les préparatifs du cérémonial commencent alors. La famille invite les voisins pour les informer et verse du sucre sur le blé avant de l’envoyer au moulin. Tout le monde chante et danse, tandis que la famille du fiancé prépare le couscous et le met à sécher au soleil. Les parents de la fille se préparent à leur tour, pour le mariage. Le jour de «Lkhotba», la famille du mari apporte «Dhaz» (l’offrande) sur une charrette, tirée par un cheval.
Les femmes et les jeunes filles dansent et chantent au son du tambour de «L’gayta». Un spectacle pour informer tout le monde du mariage. Avant de célébrer la fête, les amis du fiancé l’accompagnent au bain, puis au M’sid en chantant, puis ils reviennent à la maison. Le soir, le fiancé doit mettre du henné sur ses mains, en présence de tous les voisins, de la famille et de ses amis qui lui apportent, à l’occasion, des cadeaux «Zroura» qu’un homme ou une femme annonce à toute l’assistance. Hajja Fatima a vécu la belle époque du mariage mellali : «Nous avons passé des moments inoubliables. Ah ! Les temps de nos heureux mariages, c’était formidable!». A Beni Mellal, la cérémonie du mariage connaît, de nos jours, des changements, bien que certaines traditions subsistent encore. Le mariage s’est modernisé. En général, c’est la famille du garçon qui choisit la future épouse. Mais, les deux concernés se connaissent souvent bien avant de se mettre d’accord sur le mariage. Une fois que les deux familles se sont entendues, une date est fixée pour que cette union sacrée puisse être scellée.
La majorité des familles apporte du sucre, des dattes, du henné, des vêtements, un mouton (ou une vache, «Droba», pour la future mariée), de l’huile, de la farine, des babouches pour la famille de la fiancée… Dès que la famille du garçon arrive chez celle de la fille, on égorge le mouton ou la vache. Les invités se régalent alors de tagines et de couscous.
La cérémonie se déroule, en général, la nuit. Quand les «Tolbas» arrivent, ils commencent à lire les versets du Coran. Ensuite, arrivent les gâteaux et le thé. La joie règne, mais personne ne chante ni ne joue de la musique, car c’est une nuit réservée à la lecture du Coran. Vers 2 h, tout le monde dîne : tagine, couscous aux légumes ou sucré (Seffa). Ce sont des plats mellalis traditionnels. A la fin de cette soirée, un «Taleb» lit «la Fatiha», c’est un moment de piété où tout le monde prie pour que le mariage réussisse. Le lendemain, c’est au tour des femmes de se réunir seules dans la bonne ambiance. Elles chantent et dansent au rythme des «Taârijas et des bendirs». A l’occasion, les femmes se parent de leurs plus beaux bijoux et caftans. Après les tagines et le couscous, la soirée se termine, mais pas la joie.