Culture

Résidences universitaires : la solution privée

© D.R

La rentrée universitaire, pour beaucoup trop d’étudiants, rime avec galère. Principal point noir, le manque de places en cités universitaires. Ce qui se traduit par le recours à l’offre émanant de particuliers qui n’hésitent pas à profiter de la situation pour louer au prix fort des logements de piètre qualité à des étudiants prêts à tout accepter.
Mais il y a aussi, depuis quelques années, ceux qui ont la chance de profiter de l’une des résidences universitaires privées dont l’existence semble d’ailleurs répondre aux nouvelles orientations des pouvoirs publics.
Des résidences privées, cela signifie bien entendu un niveau de confort et de prestations que les cités universitaires publiques sont incapables de proposer.
C’est ainsi par exemple que depuis le 10 octobre, les résidents de la cité universitaire Nassim, à Casablanca, bénéficient de 5% de réduction sur le prix des médicaments auprès d’une pharmacie du quartier. Et que cette année, le Ftour de Ramadan leur était offert. Avec, pour finir d’éclairer le tableau, ces machines à laver mises à la disposition des résidents. Laver son linge ne fait donc plus partie, pour ces privilégiés, du parcours du combattant de l’étudiant qui peut ainsi consacrer toute son énergie à ses études. On imagine aisément que les 204 filles et garçons logés à cette enseigne, pour 350 dirhams par mois, remercient chaque jour la Fondation Mohammed V pour la Solidarité et la Fondation Mjid d’avoir, il y a trois ans, entrepris de doter Casablanca d’une résidence universitaire de ce type.
C’est ainsi que Wafa Amara, Asma Babou et Ikram Lali, originaires de Figuig et inscrites à l’ENS section éducation physique, ont pu compenser le fait que l’ENS ne dispose pas d’internat et échapper à la malédiction du logement chez des particuliers, dans des conditions rarement agréables et à des prix relevant le plus souvent de la cupidité. De même pour Nabil Ouzzine, originaire de Ouarzazate et qui prépare un diplôme de technicien spécialisé en diagnostic automobile et électronique automobile embarquée à l’ISTA, au quartier Sbata.
L’occasion pour Nabil d’évoquer le seul point noir de son statut de résident nassimien : le bus 105, de la compagnie Chennaoui, qui conduit jusqu’à Ben M’Sik, est une vraie galère, dans la mesure où la fréquence n’est pas des plus soutenues. Heureusement qu’il y a la ligne 107, de la compagnie Zenata Bus, qui se fait un peu moins rare même si elle le contraint à une dizaine de minutes de marche avant d’arriver à son école. Ce qui rendrait Nabil parfaitement heureux serait que la compagnie Mdina Bus se décide à s’intéresser au sort des étudiants de Hay Nassim, avec la conviction que la rentabilité serait au rendez-vous.
Autre point noir évoqué par les résidents, notamment ceux qui sont installés au rez-de-chaussée, les comportements parfois déplorables du voisinage. Wafa s’est notamment résignée à ne pas pouvoir ouvrir sa fenêtre, sa chambre ayant été repérée par les gamins du quartier comme occupée par une fille…
Ces petites misères exceptées, pour Wafa et ses camarades, il est clair que tout va pour le mieux dans la meilleure des résidences possibles, compte tenu des réalités de l’offre publique en matière de logement universitaire.
À la résidence Nassim, les chambres sont spacieuses, même à deux par chambre ; le cabinet de toilette et la douche ne sont pas sur le palier, les chambres sont équipées d’un poste de télévision et le règlement intérieur est raisonnablement contraignant.
Les étudiants sont acceptés pour une durée d’une année et le renouvellement peut être demandé à condition notamment d’avoir réussi aux examens de l’année précédente, de n’avoir encouru aucune sanction disciplinaire au cours de l’année de résidence.
L’article 15 du règlement intérieur prévoit pour sa part qu’il est « strictement interdit de constituer une association, un collectif ou autres »  ayant comme siège social la résidence et que toutes les activités collectives doivent être autorisées par l’administration.
Quant à la mixité de la résidence, elle est tempérée par le fait que les blocs ne sont pas mixtes et qu’il est formellement interdit d’accéder au bloc réservé à l’autre sexe, sachant qu’il existe des lieux de rencontre communs aux garçons et aux filles. La salle informatique par exemple, dont la dizaine de PC n’est pas connectée à Internet, ce qui oblige les étudiants à recourir aux cybers du quartier. Mais il y a aussi la buvette, le foyer, la salle de lecture et les terrains de sport…
Comment ne pas rêver voir cette initiative étendue à d’autres villes universitaires du Royaume, sachant ce que l’avenir du pays doit par avance à ses étudiants.
Il faudrait pour cela d’autres Fondations Mjid, dont le président, Mohamed Mjid, milite avec la ferveur qu’on lui connaît pour que la société civile s’engage dans les voies ouvertes par les pouvoirs publics afin de répondre aux besoins les plus urgents mais aussi et surtout, de faire œuvre d’exemplarité. Ce qui n’empêche pas M. Mjid de se montrer plutôt critique à l’égard de la jeunesse de son pays et de certains résidents de la cité Nassim : «Force est de constater, déplore-t-il avec son franc-parler habituel, que nos jeunes ont beau être de plus en plus instruits, ils manquent singulièrement d’éducation. Sans entrer dans les détails, nous avons souvent à déplorer certains comportements qui en disent long sur leur très  faible degré de maturité et de responsabilité… »
Il faudrait également d’autres opérateurs tels le groupe Chaâbi, qui inaugurait le 20 septembre 2005 la première tranche de la cité universitaire Maamora de Kénitra, soit 800 places, dont des studios réservés aux couples d’étudiants mariés, sur une offre globale prévue de 2194.
Le groupe de Miloud Chaâbi annonce d’ailleurs qu’en plus de la deuxième tranche de la cité universitaire Maamora, des résidences universitaires seront édifiées à Tanger et à Agadir et que leur ouverture est prévue lors de la rentrée 2008. Avec en prime cette déclaration de M. Faouzi Chaâbi, qui invite implicitement les opérateurs privés à prendre davantage d’initiatives en matière de logement universitaire, quitte à renoncer à faire du profit au nom de l’investissement dans le capital humain.
Sans négliger non plus, souligne-t-il en substance, le sort de ces étudiants originaires d’Afrique subsaharienne qui sont souvent encore plus mal lotis que leurs homologues marocains, alors que l’on devrait, au nom d’une logique de leadership national sur le continent africain, les faire bénéficier d’infrastructures à la hauteur de la vocation universitaire de notre pays. Heureux donc les étudiants admis dans ces établissements précurseurs d’une ère nouvelle en la matière. Heureux également ceux qui bénéficieront bientôt, du moins ceux qui ont choisi la résidence Nassim, d’un programme d’animation destiné à renforcer leur culture citoyenne.
M. Mjid annonce qu’il prévoit d’organiser cette année, dans le cadre de la résidence Nassim, une série de rencontres avec des représentants de la société civile mais également avec des représentants de partis politiques.
Une nouvelle qui réjouira Nabil, futur technicien en électronique automobile et qui a tout à fait conscience de l’énorme besoin de ses camarades en matière d’encadrement culturel et citoyen. En d’autres termes, qui aimerait bien que ceux qui font métier de planifier l’avenir fassent davantage l’effort de s’intéresser à eux…
Pas seulement en faisant l’effort de « rapprocher le savoir des jeunes » ou d’encourager ces derniers à choisir l’enseignement supérieur, comme l’annonçait l’année dernière Habib El Malki au nom de son ministère de tutelle. Mais en faisant en sorte que la création de nouvelles universités, en partenariat avec le privé ou pas, s’accompagne de la mise en œuvre d’infrastructures à même de favoriser, en même temps que l’insertion professionnelle des étudiants, leur épanouissement. Et que rentrée universitaire ne rime plus avec galère.

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