Salle archicomble, public enchanté, ou plutôt «médusé» par le talent et la virtuosité de Rita Saher. Ce sont là quelques images d’une soirée pianistique haute en tonalités, en sens et en couleurs, avec laquelle l’artiste a donné le coup d’envoi à une tournée au Maroc.
Une communion durant laquelle Mozart, Albeniz, Schubert et Chopin ont bercé une assistance abasourdie et dont les «variations» ont savamment été interprétées par les doigts de fée de la jeune pianiste. Est-il un artiste qui n’entretient pas tel fantasme ? On en doute.
Rita Saher aura réussi à remplir toutes ces clauses, et ce pour son premier concert «officiel». Un lapsus symptomatique d’une carrière qui n’est qu’à ses débuts, mais dont les jalons ont été jetés un peu plus de dix années de cela. Une première messe à laquelle la nouvelle star a bien voulu donner des allures de marathon.
En effet, le lever de rideau a eu lieu jeudi 10 juin et a eu pour théâtre la ville de Casablanca. Ensuite la jeune pianiste a donné, le lendemain, un autre récital à Rabat, puis un autre, le surlendemain à Marrakech. Un rythme soutenu, presque essoufflant et que l’artiste a mené de main de maestro, jusqu’à la dernière note. À Casablanca, l’assistance nombreuse se bousculait au portillon afin de se garantir une place dans les premiers rangs, tout près de la star. Il n’aura pas fallu plus de quelques minutes pour que la salle du Rialto ne dispose plus de fauteuil libre. Les réjouissances pouvaient commencer. Lumière feutrée et – chose très remarquable – salle silencieuse ; Rita, démarche gracieuse et tout sourire dehors, fit son entrée sur scène, annonçant l’amorce d’une soirée inoubliable. Inoubliable de part l’interprétation sublime de l’artiste et l’éblouissement que cela a dû engendrer.
L’on savait que la jeune pianiste avait du talent à en redonner, mais ce que ses doigts fins ont enfanté dépassait le fantastique. Parcourant le clavier de son piano de long en large, avec une maestria exemplaire, Rita pouvait-elle appréhender l’impact de son interprétation sur le public ? Pour elle, il n’y avait rien de sorcier, c’est tout son naturel qui se dégageait en ces moments de grande émotion. Une émotion perceptible sur les visages, dont certains étaient parcourus par une petite larme d’émotion.
«Je ne m’y connais pas beaucoup, en musique classique, mais j’avoue que j’ai été très touchée par les sons qui se dégageaient de son piano, c’était magique… Rita vient de m’initier aux plaisirs du classique», souligna Ilham M., une spectatrice fortement émue par le «naturel» de l’artiste.
«J’ai connu Rita alors qu’elle était toute petite, à ses débuts, c’est impressionnant de voir ce dont elle est capable aujourd’hui», déclaration faite par une autre dame qui, apparemment, se souvient de l’artiste lors de ses premiers pas.
Les initiés, également, ont tout bonnement été époustouflés, avouant leur fierté d’avoir pareille ambassadrice. «Que Dieu la garde…», glissa un ancien professeur de musique vraisemblablement ravi que le Maroc puisse produire une telle virtuose.
Actuellement à mi-chemin de sa licence de concertiste, la jeune femme, âgée de 21 ans, peut désormais compter avec un indéfectible public dans son pays. Hier graine de star, aujourd’hui étoile accomplie, mettant du sien dans l’étincellement du firmament artistique, Rita Saher est tout simplement une révélation.