Culture

Saâd Chraïbi : «C’était un quartier où il faisait bon vivre»

© D.R

ALM : Que représente pour vous  Derb Sultan ?
Saâd Chraibi : D’abord un quartier surpeuplé, mais surtout un quartier chargé d’histoire depuis la période du protectorat en passant par les événements post-indépendance, puis un fief de création et de débats d’idées pendant les années 70 et 80, où une poignée de jeunes habitants se sont évertués à animer une grande partie de la ville de Casablanca à partir de ce quartier ; et ce à travers la création d’associations culturelles, sociales et artistiques dans les maisons de jeunes de Sidi Maârouf et Bouchentouf.

Gardez-vous des souvenirs d’enfance et d’adolescence de ce quartier?
Oui. En particulier celui de la création de notre ciné-club «Al Azaim» au cinéma Kawakib situé sur le boulevard El Fida, qui était actif pendant dix ans, de 1973 à 1983, en animant des séances hebdomadaires, et ce en drainant un nombre important d’adhérents qui avoisinait les 1.000 personnes. Cette expérience riche et passionnante a donné naissance à un esprit de travail de groupe, qui a ,certainement, généré les premières analyses structurelles de la lecture des films au Maroc  et a formé une génération de journalistes, de critiques de cinéma et de chercheurs universitaires, aujourd’hui reconnus aux niveaux national et international; tels que Mohamed Jabrane, Youssef Fadel, Mohamed Bahjaji, Mohamed Tozy, Hassan Rachik, Mohamed Mehdi, Mohamed Soukry, Hammadi Guiroum et d’autres.
 
Quel événement vous a marqué le plus pendant cette période ?
Certainement celui de mars 1965, où à l’âge de 13 ans, j’ai vu les chars militaires occuper le boulevard El Fida et tirer à bout portant. J’ai assisté à l’assassinat du libraire en face de notre maison qui était en train de fermer sa librairie et qui a été fauché par une rafale perdue. Avant cela, c’était un quartier où il faisait bon de vivre, d’échanger et de partager avec ses habitants aimables et avenants.
 
Qu’est-ce qui distingue Derb Sultan des autres quartiers de Casablanca?
Je pense que la population de Derb Sultan d’avant était constituée d’une génération empreinte des valeurs de la Nation, de l’amour du pays et du sens de solidarité entre les habitants. Tandis qu’aujourd’hui, je crois que les conditions de vie difficiles ont agi sur les gens qui sont devenus prisonniers d’un comportement individualiste et non communautaire.

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