Culture

Said Naciri revisite les Almohades

© D.R

Le dernier film de Said Naciri «Abdou chez les Almohades» a été présenté mercredi dernier en avant-première au Mégarama de Casablanca. A l’entrée du grand multiplex, le public, venu découvrir ce film qui a fait couler beaucoup d’encre avant sa sortie, a eu droit à une première partie de spectacle. Le réalisateur des Bandits a voulu faire sensation. Un groupe d’Ahwach a été chargé d’accueillir les spectateurs en musique. Sons de tambours, voix aiguës de femmes vêtues de costumes colorés, hommes costumés en guerriers, il y avait même des chevaux ! Tous les ingrédients d’un cocktail gagnant à la Saïd Naciri : séduire d’abord pour mieux créer l’événement ensuite.
Annoncée à 21 heures, l’avant-première a du retard. La vedette de la soirée s’étant fait désirer, les spectateurs ont bien été obligés de patienter. A 21 h30, après l’arrivée des invités de marque, des acteurs, des réalisateurs et les journalistes, la foule dévorée d’impatience aperçoit enfin la limousine longue de 8 mètres et demi, une somptueuse Lincoln Towncar blanche.
Les acteurs principaux du film ont fait le trajet jusqu’au Mégarama à l’intérieur de cette voiture  prêtée par l’un des sponsors. A leur descente de la limousine, un long tapis rouge et les flashes des photographes leur souhaitent la bienvenue. Une mise en scène de type hollywoodien, méthodiquement conçue et planifiée par l’équipe de production du film. «C’est un magnifique coup de pub», déclare une jeune productrice venue assister à l’avant-première.
Quelques minutes plus tard, une fois les spectateurs installés, une jeune fille monte sur scène pour remercier Said Naciri. Non ça n’est pas une groupie ni une fan éperdue d’admiration qui aurait réussi à forcer le service d’ordre mais une ancienne victime d’une maladie cardiaque. C’est ainsi que l’on découvre que le réalisateur a consacré une partie des recettes de son film à l’association Les Bonnes Œuvres du Cœur, qui s’est dévouée à la collecte de fonds destinés à financer les opérations d’enfants malades du cœur.
Said Naciri monte à son tour sur scène pour raconter sa deuxième expérience dans la réalisation. Après avoir produit le film « Le pote » réalisé par Hassan Benjelloun, Said Naciri a réalisé « les Bandits » en 2004, un film qui s’est maintenu longtemps en tête des rentrées cinématographiques.
Deux ans après, il réalise Abdou chez les Almohades. Ce film d’un budget de 1.200.000 DH réunit un casting pour le moins efficace : Abdellah Amrani, Driss Roukhe, Salah Eddine Benmoussa,Sanâa Akroud, Amal Tammar et Anouar El Joundi. L’histoire se déroule en deux phases à Marrakech. La première se situe à l’époque contemporaine. Abderahman, surnommé Abdou, est un jeune délinquant qui passe son temps à vendre tout ce qui lui passe sous la main et à dealer de temps à autre. De cette manière illégale, il subvient aux besoins de son frère au chômage, et de sa mère femme au foyer. Un jour, alors qu’il tentait de vendre quelques-unes de ses marchandises à bord de sa moto à Jamâa El Fnâa, la police le remarque et se lance à ses trousses. Commence alors une course-poursuite dans les avenues et ruelles de Marrakech. Abdou, Said Naciri en personne, croise un site de chercheurs américains. Ces derniers sont en train de tester une machine à remonter le temps sur des restes de monuments délaissés. Abdou reçoit par accident un coup de rayon laser et se retrouve soudain projeté à l’époque des Almohades, qui ont régné sur le grand Maghreb et l’Espagne musulmane de 1147 à 1269 sous le règne notamment de Yaâcoub El Mansour.
Abdou ne comprend pas ce qui lui arrive car il méconnaît cette période glorieuse de l’histoire du Maroc. Tout au long du film, le spectateur a d’ailleurs l’impression que Said Naciri nous vend sa nostalgie de cette époque dorée en chantant, à chaque fois qu’il en a l’occasion, quitte à les créer, les louanges des savants et autres intellectuels de ce temps-là, Averroès en tête.
Said Naciri reste fidèle à son humour qui doit parfois beaucoup à l’acteur et metteur en scène égyptien Adil Imam. Les spectateurs avertis reconnaissent d’ailleurs une gestuelle et des répliques sorties tout droit de la célébrissime pièce: «Chahid Ma chafchi haga » du même Adil Imam.
Ce deuxième opus de Saïd ne brille pas non plus par la rigueur historique, notamment en matière de costumes et d’accessoires. C’est ainsi que la première femme médecin de l’époque, interprétée par Sanâa Akroud, laisse entrevoir des chaussures à talons dignes du 21ème siècle.
En dépit de ces quelques bavures et d’une impression de déjà vu, le film «Abdou chez les Almohades» marque une certaine évolution dans le travail de Said Naciri, qui semble s’installer avec conviction dans la fantaisie populaire et l’humour sans façons. On lui devra surtout d’avoir contribué à dynamiser l’industrie du cinéma et créé de l’emploi, ce qui n’est déjà pas si mal. La sortie nationale est fixée le 25 octobre. Spectateurs, à vous de juger !

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