Culture

Sanaa Zaim : un coup de coeur à Aswat

© D.R

Une voix douce, de l’écoute et beaucoup de patience. Il n’y a pas de miracle pour qu’une émission radio réussisse à attirer les auditeurs. Ce qu’il faut plutôt ce sont de bons ingrédients et cela l’équipe de la radio «Aswat» en donne déjà l’exemple. Pour faire de l’effet, il faut être proche de l’auditeur et c’est certainement ce qui vaut à l’émission quotidienne «Yaoumiat Ouled l’bled» de remporter un franc succès.  «C’est un espace de dialogue dont le premier but est d’offrir une écoute à tout le monde», déclare tout simplement la conceptrice, Sanaa Zaim.
Derrière cette écoute, il y a une ouverture d’esprit, une maturité, car les auditeurs viennent avant tout se confier, se dénuder, pour reprendre les mots de Sanaa. Et ce n’est pas toujours facile de gagner la confiance de ces hommes et ces femmes qui viennent à la radio ou téléphonent pour raconter leurs problèmes et parfois témoigner de drame terrible. Sanaa n’oubliera jamais cette petite fille de 6 ans qui est venue à l’émission pour révéler qu’elle avait été violée par son propre père. «Il y a beaucoup d’émotion, on a parfois envie de pleurer… C’est tellement dur que je pourrais craquer à tout moment», confie l’animatrice. C’est une part d’elle qu’elle engage dans cette émission et Sanaa en convient : «Je me dis qu’à travers cet espace de dialogue, j’ai une chance immense de tendre la main aux autres».
C’est une cause qu’elle défend tous les jours avec toute son énergie et dans une équipe très dynamique de jeunes. Ils ont entre 21 et 35 ans : Sofia Belemlih, Kaoutar Soufi, Sultana Bagdid, M’hammed Lotfi et Hatim Jnane, le réalisateur qui a eu la bonne idée d’appeler l’équipe «Bnat l’bled». Dans l’équipe des six, il n’y a qu’une seule devise: répondre à un maximum de demandes et faire en sorte à ce que les citoyens qui n’ont pas réussi à passer à l’antenne d’être pris hors antenne. Sonia, la juriste qui gère les appels téléphoniques,  a donc du pain sur la planche. L’émission accueille du lundi au vendredi de 20 à 30 appels par émission. «On passe entre 6 et 10 pour chaque édition, et les autres on ne les oublie pas. On recueille leurs témoignages  afin d’en donner suite», explique Sonia qui a eu, dit-elle, le coup de foudre pour l’émission depuis qu’elle a atterri dans l’équipe à la fin du mois de février dernier. En fait, «Yaoumiat Ouled l’bled» venait tout juste de faire son baptême de feu le 13 février 2007. C’était un mardi et, comme chaque mardi est consacré à la femme, il a été question de traiter l’un des sujets les moins débattus par la société : le harcèlement sexuel.
Le choix du sujet n’a rien à voir avec le hasard. Il fallait tester l’écoute pour «prendre la température» des auditeurs et évaluer l’impact que pourrait avoir ce genre d’émission radio auprès des Marocains. Le test s’est avéré efficace puisqu’il a révélé un véritable besoin de dialogue. Et c’est à partir de là que s’est forgée le fil conducteur. Les auditeurs sont invités à participer dans un dialogue dont le premier principe reste le respect de la religion et de la culture. Une fois les piliers posés et les lignes tracés, il n’y avait plus qu’à attendre les réactions et à chaque émission un thème différent : lundi est consacré à la société et au comportement sociétal, le mardi à la femme, le mercredi aux jeunes et adolescents, le jeudi, c’est l’homme à l’honneur et le vendredi est dédié à la vie du couple et de la famille. «Yaoumiat Oulad l’bled» suit, comme l’indique son titre, le quotidien des Marocains en essayant d’en parler librement et de chercher des solutions grâce à des spécialistes auxquels fait appel l’émission : psychologues, sociologues, anthropologues… «On est tous les enfants de ce pays et personne n’est seul. Alors pourquoi ne pas partager ses préoccupations avec les autres et essayer avec l’aide des autres d’y trouver solution», souligne la conceptrice.
En somme, à chaque émission, il faut relever un challenge, celui de soulager des milliers d’auditeurs. Pour une heure d’émission (de18h à 19h), il faudra trois jours de travail acharné, une organisation minutieuse et une coordination.
Sanaa Zaim dont l’équipe reconnaît une ouverture d’esprit et beaucoup de générosité marque, grâce à son émission, une transition réussie du monde de la télévision à celui de la radio. Mais, en fait, pourquoi ce passage? «Cette transition s’est faite de façon naturelle et longuement réfléchie. Je pense que je suis arrivée à une période de ma vie où j’aspire à me pencher plus profondément sur la vie des gens», répond Sanaa. C’est un chemin journalistique que poursuit cette belle jeune femme avec pour ambition, cette fois-ci, de s’ouvrir plus aux autres, aux citoyens, dont elle fait partie. Son rêve est de pouvoir installer un débat sociétal libéré de tout jugement de valeur et où chacun acceptera la différence de l’autre. «Tout cela fait du bien et je suis heureuse aujourd’hui là où je suis», déclare-t-elle, toute souriante. C’est un grand cœur que veulent offrir Sanaa et ses cinq compagnons  de route à Aswat à tous les Marocains.  C’est l’engagement pris par «Bnat l’bled» !

Ressources
Radio Aswat :
022 23 58 58 / 022 23 88 88
[email protected] 

Articles similaires

Culture

Instrumentistes virtuoses et phénomènes scéniques à l’affiche de la 25e édition

Festival Gnaoua et Musiques du Monde d’Essaouira

Culture

«Moroccan Badass Girl» de Hicham Lasri dans les salles marocaines

Le dernier opus du réalisateur marocain Hicham Lasri «Moroccan Badass Girl» sort...

Culture

«Mémoire de la Médina» : Exposition de Roser Sales Noguera à Casablanca

L’Institut Cervantes de Casablanca organise différentes activités culturelles durant le mois de...

EDITO

Couverture

Nos supplément spéciaux