Culture

« Sang et or » : Les laissés-pour-compte de l’Iran

« Sang et or » (Talaye Sorgh) commence par les dernières minutes de la vie de Hussein (Hussein Emadeddin). Cet homme massif, dont on ne sait rien, braque un bijoutier, le tue et se donne la mort. Son ami Ali s’enfuit en scooter. Flash back sur le cheminement tragique de cet anti-héros, qui ne supporte plus les affronts et a décidé de laver dans le sang le trop plein d’humiliations. Après les femmes opprimées, qui n’ont aucune chance de s’évader du « Cercle » où elles sont enfermées, le « loser » de Jafar Panahi est un livreur de pizza qui sillonne les quartiers chics de Téhéran et pénètre ainsi dans un monde qui n’est pas le sien. Un monde de fête, dans le cadre clinquant des nouveaux riches.
Hussein (interprété par un non professionnel comme tous les acteurs de Jafar Panahi) est un ancien combattant de la guerre entre l’Iran et l’Irak, gavé à la cortisone et qui souffre de légers troubles mentaux. Mais il a sa dignité. Quelques jours auparavant, le gérant de la bijouterie l’a offensé, le traitant de haut malgré le beau costume qu’il avait endossé pour pénétrer dans sa boutique, pensant offrir un cadeau à sa fiancée. Le scénario de « Sang et or » a été écrit par Abbas Kiarostami, le « parrain » du cinéma iranien (Palme d’or à Cannes pour « Le Goût de la cerise »), dont Jafar Panahi (né en 1960) a été l’assistant pour « Au travers des oliviers ». Il s’est inspiré d’un fait divers relatant un cambriolage dans une bijouterie.
Sobrement, sans manichéisme, ni dogmatisme, Jafar Panahi met en évidence le gouffre béant qui sépare pauvres et riches. A la suite de Hussein, slalomant dans les embouteillages de Téhéran, le spectateur débarque devant une maison où des jeunes font la fête, dansent et boivent, avant d’être embarqués par des jeunes soldats qui, eux, n’ont pas mangé.
Hussein est invité dans un appartement hyper luxueux par un client riche et déprimé qui se sent seul et cherche quelqu’un à qui parler. Ivre, il erre dans le salon avec son faux feu de cheminée, rêve devant la piscine et la ville depuis la terrasse. « Je ne veux pas délivrer un message imposé », dit Jafar Panahi. Le cinéaste constate simplement que « la classe moyenne tend à disparaître en Iran », qu’il y a « d’un côté une concentration de richesses et de pouvoir et de l’autre les humiliations et les privations ».

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