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Santé : Cancer de la prostate, curable s’il est détecté tôt

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ALM : Dr Jacques Amar, vous êtes chirurgien-urologue installé dans le secteur libéral à Casablanca depuis 1983. Vous êtes amené, entre autres, à voir des affections de la glande prostatique. Qu’est-ce que la prostate ?
Jacques Amar : La prostate est une glande à sécrétion externe et interne appartenant à l’appareil génital masculin, située sous la vessie au confluent des voies génitales et urinaires, traversée par l’urètre. Elle a la taille d’une châtaigne à l’état normal.
Son rôle est de secréter des substances qui améliorent la capacité fonctionnelle des spermatozoïdes dans le liquide séminal. Elle produit du zinc, des phosphatases acides et de l’antigène prostatique spécifique qui sert à liquéfier «l’éjaculat».

Quelles sont les affections prostatiques les plus fréquentes ?
Il y a d’abord la «prostatite» qui est une pathologie infectieuse très fréquente au Maroc. Elle touche l’adulte dès le début de l’activité sexuelle. Elle est souvent la conséquence d’une urétrite négligée ou mal soignée. L’urétrite est une infection sexuellement transmissible.
La «prostatite» peut aussi être la conséquence d’une infection urinaire secondaire à un obstacle à l’évacuation des urines.
Mal traitée, une «prostatite» aiguë va évoluer vers une «prostatite chronique» dont le traitement est souvent peu opérant et inefficace. C’est dire l’importance d’une consultation précoce dès l’apparition d’un écoulement par le pénis ou d’une difficulté à l’évacuation d’urine.
Restent les pathologies tumorales: l’adénome de la prostate et le cancer de la prostate.

Qu’est-ce que l’adénome de la prostate ?
À partir de la cinquantaine, la majorité des hommes développent au niveau de leur prostate une hyperplasie, c’est-à-dire une augmentation d’une partie de la glande due à une augmentation anormale du nombre des cellules qui la composent. En augmentant de volume, la glande comprime le canal urétral, ce qui occasionne une gêne à l’évacuation des urines surtout la nuit, obligeant le patient à se lever plusieurs fois car la vidange de la vessie est incomplète.
Si cette gêne ne se complique pas (calcul de la vessie, diverticule qui est une hernie de la muqueuse vésicale à travers une zone de faiblesse de sa paroi musculaire), on peut envisager un traitement médical qui donne aujourd’hui de bons résultats.
Dans le cas contraire, une intervention chirurgicale s’impose. Cette intervention se fait de deux manières. La première opération se fait par voie endoscopique. C’est ce qu’on appelle la «chirurgie non invasive». Elle se fait à travers le canal urétral par un matériel endoscopique adapté. C’est la résection endoscopique et non la chirurgie au laser comme l’a adopté le langage populaire. La deuxième manière est la chirurgie conventionnelle classique qui continue encore à se faire quand on ne dispose pas du matériel nécessaire pour cette résection endoscopique.

Et le cancer de la prostate ?
Le cancer de la prostate se manifeste comme un adénome mais malheureusement à ce moment, il est déjà à un stade avancé pour lequel on ne peut plus espérer un traitement définitif. D’où l’intérêt d’un dépistage précoce de cette pathologie avant qu’elle ne fasse parler d’elle, car le cancer de la prostate se développe souvent très lentement, et reste localisé au début. Ce dépistage se fait grâce au toucher rectal associé à un dosage au laboratoire de l’antigène spécifique de la prostate ou PSA qui est un marqueur tumoral.
Si le diagnostic est confirmé, le traitement est chirurgical. Faite à un stade précoce chez un patient en bon état, la chirurgie peut espérer le guérir définitivement. Cette chirurgie est aujourd’hui bien maîtrisée, toutefois elle n’est pas dénuée de complications. On enregistre des fuites urinaires et impuissance sexuelle dans 30 à 40 % des cas.
Si le patient est plus âgé et en mauvais état et le cancer plus avancé, on peut envisager le traitement par les rayons (radiothérapie).
Si le malade est âgé et le cancer très avancé, ce sera un traitement hormonal qui peut être chimique par l’administration d’hormones ou chirurgical par la castration.
Pour conseiller aux mieux les patients aux alentours de la cinquantaine, il est vivement recommandé de ne pas attendre la survenue de troubles urinaires pour consulter. Il faut visiter son médecin urologue une fois par an.

Propos recueillis par
D.r H. Abdelfettah Tadlaoui

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