Culture

Sebti : «Nous devons être plus téméraires»

© D.R

Aujourd’hui Le Maroc : En donnant à votre recueil de poésie le titre «Marocanité», exprimez-vous un désir d’appartenance ou une revendication identitaire ?
Mohamed Sebti : Je suis un amoureux inconditionnel de ce concept mal loti et mal exprimé qu’est notre marocanité. Et pourtant, cette même marocanité est tellement belle qu’elle en devient obsédante et nous colle à la peau. Notre terroir, notre patrimoine et notre identité sont tellement riches et marqués que nous, Marocains, nous devrions être moins paresseux et, peut-être, plus téméraires.

Evoquant vos écrits, vous avez parlé d’ «élucubrations». Ne prétendez-vous pas au statut d’écrivain – poète ?
Je ne suis pas véritablement un écrivain. Si je tresse quelques rimes, je ne suis pas un poète. Les quelques rimes que j’ai pu tresser sont parfois heureuses, souvent inadéquates et parfois maladroites. Que le lecteur veuille bien excuser cette erreur de «jeunesse» due à un amour passionnel de l’art en général et de l’écriture en particulier. Il est bien connu que la passion peut rendre aveugle et vous tirer vers des terrains glissants. Que ceux qui considèrent la publication de ces vers comme un acte prétentieux me pardonnent mon aveuglement… Je ne prétends pas dans mon esprit à la sacralité du poète. C’est
pour cela que j’ai parlé d’élucubrations.
En écrivant ce recueil, je me suis laissé guider par ma plume, par mes sentiments
et, finalement, par ma marocanité dont je suis fier.

Que veut dire pour vous être Marocain aujourd’hui ?
C’est être un amoureux inconditionnel de cette spécificité qui constitue notre patrimoine civilisationnel qu’il faut défendre contre tous les extrémismes et les fanatismes.

Dans la deuxième partie de votre recueil, vous avez justement évoqué le « cauchemar islamiste ». Pour vous, l’islamisme est-il un réel danger pour la marocanité ?
C’est en effet un sujet qui doit préoccuper tout Marocain qui se respecte et qui veut que son pays soit dans une démarche de progrès, de modernité et de démocratie.

Qu’attendez-vous concrètement de votre livre ?
Mon souhait le plus sincère est de partager avec les miens, mes amis, ma famille et l’ensemble de mes lecteurs, le bonheur qu’on éprouve dans l’écriture et, bien évidemment, dans la lecture. Ma bonne foi n’est pas à mettre en doute et mon souhait de partage non plus. L’écriture est un acte douloureux et en même temps enivrant quand on n’arrive pas à sécher devant la page blanche. L’écriture peut être aussi comparée à un urticaire qui, au lieu de vous démanger physiquement, vous interpelle intellectuellement. Cela gratte de partout dans votre cerveau, vous voyez tellement de bizarreries dans la vie, vous ressentez tellement de «vibrations» étranges que vous vous mettez devant la page blanche pour partager, communiquer et «accoucher»…
 

«Marocanité, en vers, en rêves», recueil de
Mohamed Sebti, 128 pages, Imprimahd.

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