Culture

«Sortir du caftan», le défi des stylistes marocains

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«Mode Made in Morocco», organisé pour la troisième année consécutive par le magazine «Maroc Premium», a rassemblé huit créateurs marocains qui ont, le temps d’un défilé, prouvé que la haute couture pouvait s’exprimer en dehors des lignes traditionnelles sans pour autant les renier. «Les stylistes marocains reçoivent de plus en plus de commandes de l’étranger», a souligné Michèle Desmottes, directrice du défilé, ajoutant que la mode marocaine a sa place dans le grand mouvement de la mode internationale. «Il y a au Maroc une créativité exceptionnelle», a-t-elle poursuivi. Des propos confirmés par le couturier français Dominique Sirop, invité d’honneur de Mode Made in Morocco : «depuis trois ans, a-t-il dit, on assiste à une véritable émergence de créateurs marocains, dignes de ce qui se passe à l’étranger». «Ils prouvent que le Maroc, ce n’est pas seulement le soleil, le tajine et le caftan», a-t-il encore déclaré en préambule à ce défilé. De fait, la plupart des créations présentées samedi soir témoignaient de beaucoup de recherche et d’imagination. Si les tissus gardaient leur aspect traditionnel avec des broderies et des couleurs chatoyantes, les coupes étaient beaucoup plus modernes avec des bustiers et des jupes courtes tranchant avec l’ample caftan que les Marocaines revêtent lors de mariages et de cérémonies. Certains stylistes implantés à Paris, comme Jamal Daoudi et Nabil Dahani, continuent de puiser leur inspiration au Maroc mais leur environnement de travail les ouvre à l’esprit parisien de la mode, avec des créations plus audacieuses, plus modernes, plus légères et sans doute plus… européennes. Titulaire du prix spécial Jean-Louis Scherrer, Hassan Tanner, avec des robes légères et très près du corps valorisant la féminité, est peut-être celui qui s’éloigne le plus radicalement des lignes traditionnelles des vêtements de la femme marocaine. Les créations de Frédérique Birkemeyer, née au Maroc et installée à Marrakech (sud), magnifient elles aussi aussi la féminité, avec notamment une débauche de broderies et d’incrustations.
La mode masculine n’était pas complètement absente de ce défilé, puisque Salima Abdel-Wahab -qui est née et a grandi à Tanger, ville cosmopolite par excellence- présentait deux de ses créations, très originales et à des années-lumière de la djellaba traditionnelle. Les organisateurs de Mode Made in Morocco ont toutefois unanimement regretté l’absence de soutien officiel et d’industriels du secteur à cet événement cette année. «Il est temps de se réveiller et il faut que les énergies individuelles soient encouragées», a déclaré Michèle Desmottes, Dominique Sirop insistant pour sa part sur le fait que la mode «participe au développement économique du pays».

 

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