Décidément, la femme reste le sujet de prédilection de Fatima Ali Boubekdi. Un fait que cette réalisatrice a confirmé lundi soir, lors de la projection à Casablanca de son nouveau téléfilm «Souk n’ssa». Après le téléfilm «Douiba», et le feuilleton ramadanesque «Romana wa Bartal», diffusés sur la deuxième chaîne, Boubekdi revisite son sujet favori sous un autre angle : le côté machiavélique chez la femme. Comme son titre l’indique, «Souk n’ssa», qui sera diffusé vendredi soir prochain sur 2M, nous donne à voir un monde où la femme est le maître du jeu, l’homme, lui, n’est qu’un pantin. «Taja», interprétée avec talent par Sanaâ Akroud, incarne ce côté rusé chez la femme, capable de manipuler facilement le «Sultan des tolbas», personnage avec lequel le jeune Jawad Alami signe sa première et néanmoins brillante apparition sur le tube cathodique. Pour la petite histoire, le téléfilm nous montre un jeune étudiant en théologie sûr de lui. Après avoir achevé son cursus avec succès, le disciple devient «imam». Accueilli avec honneur dans son village natal, le «Sultan des tolbas» crée la surprise.
Contre toute attente, il décide de partir à la recherche de son… élue du cœur. Une fois les adieux faits, il se lance dans une quête acharnée de sa princesse de rêve. Armé de riches connaissances en matière de langues et de théologie, il doit maintenant acquérir une expérience à l’école de la vie. La première rencontre mettra à rude épreuve son expérience. Après une longue pérégrination, il débarque dans un douar visiblement vide des hommes. Après avoir aperçu une femme assise sur un tronc d’arbre, «Taja», il lui demande s’il y a un endroit où il peut chercher de l’eau pour son cheval assoiffé. Rusée, la femme appelle au secours ses co-villageois. Le «Sultan des tolbas» ne doit son salut qu’au pardon de «Taja», qui demande aux secouristes de se disperser en contrepartie d’une rémunération : deux plats de couscous. C’est chose faite, sauf que le «Sultan des tolbas » n’a pas digéré l’affront. «Taja» lui tend un autre piège : alors qu’il était en instance de partir, elle lui demande, une larme dans la voix, s’il peut descendre dans un puits sec chercher un objet perdu. Une fois au fond, «Taja» retire la corde qui attachait l’aventurier à un arbre. Ce dernier n’a pu remonter le puits que grâce à un appel au secours lancé par «Taja».
Et ce n’est pas tout… Déçu par le machiavélisme de «Taja », le «sultan» change de décor. Destination : le souk des femmes. Mais à sa grande surprise, il retrouve «Taja» voilée. Invité à acheter un foulard de soie, il a l’imprudence de lui dire qu’il est à la recherche de la femme de sa vie. «Taja» lui propose un stratagème: prendre du service chez le vizir du «Souk des femmes», mais cette fois déguisé en femme.
C’est parti pour une longue histoire à rebondissements. Les quiproquos vont bon train entre un vizir lascif et un «Sultan des tolbas» qui se retrouve, mine de rien, dans la peau de femme ! Là encore, il n’aura dû sa sortie qu’aux astuces de «Taja». Tout bien considéré, l’histoire montre un « Sultan des tolbas » en panne d’idées et le personnage de « Taja » d’une brillante intelligence. Ce qui amène à s’interroger s’il n’y a pas un parti-pris défavorable à l’égard des hommes. Brahim Boubekdi, auteur du scénario, a dû intervenir après la projection pour s’expliquer. En effet, l’homme a tort de voir la femme comme un simple objet.
Cette femme est également et surtout dotée d’intelligence. Sur le plan de la réalisation, on peut trouver à redire sur le choix musical. Parfois, l’utilisation du répertoire amazigh et arabe se fait de manière d’autant plus arbitraire qu’elle ne sert pas le fonctionnement de l’histoire. N’empêche, «Souk n’ssa» garde une remarquable force dramatique.