Heureux qui comme Elissa. Cette chanteuse libanaise a animé un concert les 16 et 17 juin au Mégarama à Casablanca pour la bagatelle de 300.000 Dh. Les deux jours ont enregistré un total d’entrées de 1600 personnes. Les spectateurs ont dû payer des tickets variant entre 600 et 1000 DH. Après avoir fait patienter son public durant près d’une heure, cette blanche aux yeux miel, a enfin daigné monter sur le podium pour présenter son dernier album « Bastanak ». Un album qui soit dit en passant fait un tabac au Moyen-Orient. Après avoir, pendant deux mois observé l’évolution du succès d’Elissa, le directeur artistique de l’agence d’événementiel One Way Concept ose.
Il invite cette star arabe à venir se produire au Maroc. Et comme pour chaque organisation d’événements de ce genre, il faut s’y prendre longtemps à l’avance. Tout préparer, et surtout faire attention aux moindres détails. « Pour contacter les managers des stars, il faut s’y prendre six mois à l’avance, pour s’enquérir du cahier des charges des stars pour organiser le spectacle dans les règles de l’art », souligne Carlos Peirat. Ce dernier a l’habitude de cet univers sublime des stars qui n’est pas néanmoins dépourvu de contraintes. Si certaines agences arrivent à maintenir le rythme, d’autres ont du mal à supporter les difficultés liées à l’organisation des concerts animés par des artistes à la renommée mondiales. Les contraintes sont financières d’abord.
Avant d’évoquer les cachets faramineux de ces stars, il faut savoir que la réussite de ces évènements est tributaire de plusieurs facteurs. Ceux qui ont affûté leurs armes dans ce domaine sont tous unanimes à le souligner. « Le cahier des charges des artistes est souvent très lourd, ils demandent d’être logées dans des hôtels cinq étoiles, d’être transportées dans des voitures de luxe, sans oublier certains caprices », raconte Karim Houary le directeur général de l’agence Evart.
Cette même boîte d’événementiel existe, il y a près de trois ans. Parmi les stars qu’Evart a invitées, figurent Billy Crawford, Bonnie Taylor et Kreen Antonny. Pour inviter ces artistes il a fallu débourser une somme allant de 350.000 à 400.000 DH. C’est le cachet standard. Répondant à la question de savoir quelle est l’artiste que son agence a chèrement payé, Karim Houary répond : Patrick Fiori. Ce chanteur français, très réputé en France pour sa voix, est venu au Maroc en avril 2006. Pour sa prestation, il a reçu un cachet approximatif de 380.000 DH. Mais ce n’est pas l’événement dont Evart est le plus fier. Selon le DG de cette agence, l’événement de la Star Ac 5 organisé les 9 et 10 février 2006 a été d’un grand succès. « Nous avons fait venir les finalistes de la Star Ac 5 en exclusivité au Maroc avant même le commencement de leur tournée en France, c’était une première », déclare, réjoui, M. Houary.
Lors de la séance dédicace des finalistes de cet événement diffusé sur la chaîne TF1, des milliers de jeunes ont fait le pied de grue en attendant leur tour. « C’était l’hystérie totale », ajoute-t-il. Après, la société productrice de la Star Ac a su que le Maroc comptait des fans par milliers de cette émission. « C’est suite à ce succès que l’équipe de la Star Ac est venue organiser un casting au mois de mai dernier au Maroc », raconte le directeur d’Evart. Mais la réussite d’un tel événement ne se fait pas sans peine. Il faut s’engager financièrement à l’avance.
En plus de devoir payer les stars qui viennent généralement au Maroc en compagnie de 20 personnes, il faut aussi assurer le loyer de la salle. « La seule salle qui obéit aux cahiers des charges est celle du Mégarama à Casablanca, pour louer les 821 places pour une seule soirée on doit débourser 50.000 DH », déclare M. Peirat. Le cahier des charges est en effet souvent lourd. « Il faut payer les billets d’avion de tous les musiciens et s’assurer qu’ils sont bien logés, bien traités et bien escortés », explique le directeur artistique de One Way Concept. Pour escorter les stars qu’il a invitées, a chacun ses moyens. Karim Houary a opté pour la gendarmerie royale. «Les agents de la gendarmerie royale nous ont offert gracieusement leur aide ». Lors du concert de Billy Crawford le 15 juin dernier, ces services ont pu favoriser l’arrivée à l’heure des musiciens accompagnant le chanteur. Cela même si l’avion avait été dérouté sur un autre aéroport.
Un imprévu qui a vite été corrigé. Pour Hassan Nafali, le directeur artistique du festival de Mawazine toute cette logistique déployée est justifiée. « Le prix fort engagé par les organisateurs de tels événements se justifie, il faut savoir qu’ailleurs leur cachet est supérieur », a-t-il indiqué. À titre d’exemples lorsque Assalah Nasri a animé son spectacle au dernier festival de Rabat, elle a été payée par un forfait de 80.000 DH alors qu’au Golfe elle ne reçoit pas moins de 100.000 DH. Même cas pour Kadem Saher, lorsque les organisateurs du festival de Rabat ont fait appel à lui, ils ont déboursé 30.000 DH. Dans les autres pays arabes, il ne se produit pas à moins de 680.000 DH.
Tout est donc question de négociations et de pouvoir d’achat. En payant un ticket à 600 DH minimum, installées au Mégarama, les Marocains en ont –ils pour leur argent ? En tout cas, pour l’instant ces genre d’évènements sont largement rentables pour ceux qui invitent.