Culture

Sur les traces des enfants abandonnés

© D.R

Lorsque certains parents de mauvaise conduite n’assument pas convenablement leurs responsabilités, ce sont leurs enfants qui en assument les conséquences. Ces enfants peuvent être le fruit d’une relation illégale, sont orphelins ou issus de familles qui n’arrivent pas à subvenir à leurs besoins. Sans ressource aucune, ces enfants sont alors abandonnés pour de bon ou cédés à d’autres protecteurs ou  associations chargées de leur  protection. Le nombre de ces enfants n’est pas spécifié avec exactitude sur le plan national. Il a fallu focaliser sur une ville pour avoir des indices qu’on peut généraliser.
Au cours de l’année 2008  plus de 450 demandes ont été formulées auprès de la Ligue marocaine pour la protection de l’enfance d’Oujda pour  prendre en charge des orphelins ou enfants issus de familles pauvres. 145 enfants ont trouvé un parrain. Les autres attendent des jours meilleurs. De son côté, la pouponnière  de l’hôpital El Farabi a accueilli 80 nourrissons délaissés par leurs mères célibataires suite à des grossesses illégales. Ce sont souvent des femmes qui sont tombées enceintes soit par  confiance en un homme qui leur a promis le paradis, ou par abus sexuel lors d’un séjour comme bonnes dans des maisons ou lors des saisons de moisson et de cueillette. Les filles de joie ne dépassent guère  le un dixième dans ces pourcentages.
C’est l’ensemble de ces enfants, qu’on nomme enfants abandonnés. Selon L’article 1er de la loi 15-01 relative à la prise en charge : un enfant abandonné est un enfant qui vit en situation difficile. Il est  présenté comme étant:  «enfant  qui n’a pas atteint les 18 ans lorsqu’il se trouve dans l’une des situations suivantes : être né de parents inconnus ou d’un père inconnu et d’une mère connue qu’il a abandonnés de son plein gré ; être orphelin ou avoir des parents incapables de subvenir à ses besoins ou ne disposant pas de moyens légaux de subsistance; avoir des parents de mauvaise conduite n’assumant pas leur responsabilité de protection et d’orientation, en vue de le conduire sur la bonne voie, comme lorsque ceux-ci sont déchus de la tutelle légale ou que l’un des deux, après le décès ou l’incapacité de l’autre, se révèle dévoyé et ne s’acquitte pas de son devoir précité à l’égard de l’enfant ».
Au niveau de la province d’Oujda, les nouveau-nés, abandonnés avoisinent les  quatre- vingt par et sont regroupés dans le foyer des bébés de l’hôpital El Farabi. Une crèche construite en 1994 par un  bienfaiteur. Un local  équipé est pris en charge par la Ligue marocaine pour la protection de l’enfance, bureau provincial  Oujda. On compte 32 bureaux sur le plan national. Cette dernière s’occupe de la prise en charge totale de ces enfants  et ce en collaboration avec le service social de l’hôpital. Les nouveaux nés restent dans cette crèche avant d’être adoptés. C’est soit la ligue qui leur trouve des familles adoptives ou ces sont des parents en quête d’enfants qui s’adressent directement à la Ligue pour adopter un enfant, a expliqué à ALM  Fatiha Saher Derrar, présidente et cheville ouvrière de ladite Ligue.
Cette prise en charge a pour nom la kafala et est subdivisée en deux  articles. La kafala notariale  qui consiste en l’obtention du consentement des parents de l’enfant pour le prendre en charge. Le postulant constitue un dossier de prise en charge qui est soumis au juge de tutelle.   Il y a aussi la kafala judiciaire,  qui  est relative aux  enfants abandonnés : le prétendant à la kafala s’adresse aux services juridiques concernés. L’enfant recueilli peut être de filiation connue ou inconnue. Cette  kafala est délivrée par un juge. La loi n° 97-99 relative à l’état civil (Dahir n° 1.02-239 du 03/10/2002 dans son article 20) laisse désormais la possibilité au kafil (adoptant) d’attribuer son nom au makfoul (adopté). L’enfant portera sous certaines conditions le nom du père, mais ne sera pas inscrit dans sa descendance ou dans son livret de famille. L’ensemble de ces procédures est  exécuté par le tribunal de première instance en présence d’un représentant du ministère de la Justice, de l’autorité locale et d’une assistante sociale dépendant du ministère de la Santé ainsi que d’un membre de la LMPE.  La Kafala , le parrainage ou la prise en charge de ces enfants  se veulent être évolutifs  adaptés aux mutations que connaît la société, renchérit Mme Derrar. Avant d’ajouter que   le niveau  de compréhension  s’est accru et  la relation à l’orphelin  s’inscrit  désormais dans un esprit d’accompagnement et d’assistance afin d’assurer l’épanouissement et le bon développement de l’enfant.
«On a lancé l’opération parrainage pour sauver et l’enfant et sa mère. Une campagne de prise en charge de l’enfant par l’octroi de 300 DH par mois. (Un enfant est sauvé avec 3600 DH par an). Jusqu’à présent on est à 145 enfants parrainé pour autant  de mères veuves. C’est une bonne chose expliquent certains bienfaiteurs mais l’idéal serait d’assurer 10 000 DH pour chaque enfant abandonné», rapporte Ahmed Korjit, responsable de la maison des orphelins.   Sur le plan des infrastructures et grâce à l’apport de l’INDH  et des bienfaiteurs les espaces réservés à l’accueil de ces enfants répondent à toutes les normes internationales en vigueur. Seulement, il faudrait bien les gérer  et former des éducateurs qui puissent assumer le bénévolat. Des éducateurs pris en charge par l’Etat et mis à la disposition des associations.   Il faudrait aussi  que ces associations travaillent avec abnégation et trouvent réconfort dans les résultats obtenus par ces enfants. A Oujda, seul une dizaine de ces enfants ont obtenu des mentions bien lors des examens de fin d’année scolaire avec l’élève Ben Saleh qui a obtenu un 16 , 22 lors de l’examen régional du Bac.

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