Sa nouvelle pièce de théâtre est destinée aux publics à partir du lycée
[box type= »custom » bg= »#eeedeb » radius= »5″]A son adolescence, «Dounia» est plus rebelle que jamais. Elle découvre la puissance du désir qu’elle suscite chez les hommes et accepte un mariage foireux où le sexe sert de monnaie d’échange à sa dose quotidienne de rêve.
[/box]L’auteur marocain Taha Adnan vient de publier en Belgique une nouvelle pièce de théâtre intitulée «Dounia». Cette œuvre, parue chez Lansman Editeur, est destinée aux publics à partir du lycée. Elle raconte, selon l’auteur, l’histoire de «Dounia» qui a beaucoup souffert, dans son enfance, du manque d’affection et de dialogue au sein de sa famille marocaine installée à Bruxelles.
Là où l’écrivain est installé. «Elle a vite compris que son entourage était juste là pour brimer ses désirs d’indépendance et de liberté. Elle s’est donc tournée vers d’autres cercles mais, là encore, a pris rapidement conscience qu’elle n’avait ni les atouts ni les bons codes pour être acceptée», détaille l’auteur à propos du personnage de son œuvre de 66 pages.
A son adolescence, « Dounia » est plus rebelle que jamais. Elle découvre la puissance du désir qu’elle suscite chez les hommes et accepte un mariage foireux où le sexe sert de monnaie d’échange à sa dose quotidienne de rêve. «Mais son mari, rattrapé par ses mauvaises fréquentations, fait un séjour en prison et en sort transformé : le travail de radicalisation a parfaitement fonctionné et Abdel part pour un combat dont elle sait peu de choses.
Pas question en tout cas de le rejoindre comme il le voudrait», poursuit l’écrivain. Sans contraintes, elle finit par transformer des bars et des bistrots en terrains de chasse, ou plutôt en lieux de revanche. Pourtant, quand elle apprend que son mari, compromis dans un attentat sanglant, est à nouveau en Belgique, elle ne résiste pas à l’envie d’aller au rendez-vous fixé.
«En manque de repères et d’identité, Dounia jette un regard sensible sur la réalité de nos sociétés multiculturelles à travers le filtre de son propre parcours emblématique, mais aussi de ses frustrations, contradictions et excès», explicite, à propos de son œuvre, l’auteur originaire de Marrakech.
Pour rappel, Taha Adnan réside et travaille depuis 1996 à Bruxelles. Il est membre de l’Union des écrivains du Maroc et du Collectif de poètes bruxellois. Sa poésie et son théâtre sont publiés, traduits et primés dans plusieurs pays.
[box type= »custom » bg= »#fddeef » radius= »5″]Extraits de l’œuvre
On dit que je suis le résultat d’une erreur de calcul.
Au bout de six enfants, mon père avait décidé d’arrêter de procréer. Je suis venue les bousculer en plein milieu de leur quiétude.
(…)
Maman avait alors 45 ans et entrait, pleine de confiance, dans la seconde partie de sa vie. Elle était sur le point de marier Aicha, et s’occupait de trouver un mari pour Zohra. Elle les avait jetées dans les bras de leurs cousins, au bled. Et après d’épuisantes démarches en vue du regroupement familial, elle attendait, pleine de satisfaction, ce que ces mariages arrangés allaient lui donner comme gendres soumis et petits-enfants potentiels. Tout baignait pour elle jusqu’à ce qu’une minute d’abandon me convoque pour rebattre les cartes.
Des photos d’eux, tous les enfants en ont, sauf moi. Pas une seule ! Comme si j’étais la preuve en chair et en os d’un crime inavouable. Pas même une photo d’école ou d’anniversaire. A vrai dire, on ne fêtait pas mes anniversaires. Ma date d’anniversaire ne signifiait rien pour les autres.
En classe, je devais m’inventer des fêtes pour m’en vanter auprès de mes copains. Des fêtes imaginaires dont je n’avais évidemment aucun témoignage photographique. Pas le moindre négatif.
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