Culture

Tanjazz, promesse tenue

© D.R

Ceux, et ils étaient nombreux, qui se sont donné la peine de se rendre à Tanger pour assister à la cinquième édition du Tanjazz n’ont pas eu à le regretter. Loin de là. Tout au long du déroulement de cette manifestation, l’ambiance était à la fête et à la célébration. Une fête qui commençait tôt dans la journée tant par les traditionnels camions de parade qui sillonnaient matin comme après-midi la place Kano que par les différents concerts improvisés dans plusieurs hôtels de la ville et qui se prolongeaient jusqu’au petit matin, dans le Tanjazz Club, institué ad-hoc à cette fin.
Mais comme à chaque année, ce sont les soirées du vendredi et du samedi qui ont drainé le plus de monde, suscité le plus d’intérêt et vu se produire les artistes les plus attendus du festival et qui s’en sont donné à coeur joie sur la scène d’Al Mandoubia, en plein coeur de la médina de Tanger. A commencer par la Tunisienne Samiha Ben Saïd avec Stephan Athanas et Contemparabic Jazz Ensemble qui se sont produits vendredi. Si l’Ensemble existe depuis 1996, il n’a été rejoint par la chanteuse, également joueuse de qanoun, que deux ans plus tard.
Le principe de l’art de cette bande paraît simple, le maître-mot étant la fusion entre patrimoine musical arabe, tunisien en grande partie, mais aussi égyptien et irakien, et la musique jazz. Mais on aura rarement vu une fusion avoir eu lieu avec une telle maestria. Les sept musiciens ne se contentent pas de mêler des sons et des instruments des deux bords. Ils leur donnent une dimension autre qui, in fine, aboutit à un autre «produit». Chimique. Les amateurs du chanteur égyptien Farid Al Atrach seraient par exemple fascinés par ce que ces artistes ont fait de son chef-d’oeuvre « Baa Aïz Tinsanni »: un chef d’oeuvre à part entière et qui n’a rien à envier à la version originale. Un mélange savant pour dire à la fois toute la richesse de la musique arabe, mais aussi toutes les possibilités de rencontre que permet le jazz. D’un enchantement l’autre, le public avait également rendez-vous, et la même soirée, avec l’américaine Stacey Kent, celle qui par ses simples reprises a redonné vie non seulement aux plus grands artistes Jazz, mais à toute une époque, celle des années de gloire du Jazz. Un timbre sensuel, naturel et généreux, doublé d’une diction extrêmement claire, mais aussi d’un naturel et d’un charme désarmants qui font d’elle l’une des artistes jazz les plus courues du moment. La chaleur de sa voix et sa manière magistrale de se mouvoir dans l’espace n’ont eu d’égal que la véritable sympathie que sa personne inspire et qui lui valut l’admiration de tous.
Si la soirée du vendredi était inscrite sous le signe de la sobriété et du classicisme, celle du samedi était marquée par les rythmes endiablés de l’Amérique Latine. Une soirée entamée par le concert de l’ensorceleuse Elvita Delgado y su Latin Jazz Band. Au menu, un large répertoire du Latin World Music, inspiré en grande partie de la musique éthnique du Venezuela, pays natal d’Elvita Delgado, mais aussi du Boléro, de la salsa et des reprises de quelques grandes chansons du répertoire latino. Une véritable invitation au voyage. Une invitation à la danse également à travers la magie de rythmes torrides, mêlés d’une mélancolie dont les artistes latinos semblent les seuls à détenir le secret. Le tout, avec les déhanchements d’une Delgado à faire tourner bien des têtes.
Le meilleur étant pour la fin, c’est à un Ray Barretto des grands jours que le public, fort nombreux cette soirée-là, a eu droit. Les quelque 2000 personnes présentes n’ont eu d’autres choix que d’être totalement emportées par un artiste qui, à plus de 74 ans, n’a rien perdu de sa vigueur. Il y est allé comme on va à l’usine, en chemise à carreaux et en jeans, les manches retroussées. Imperturbable, il menait au travers de ses congas une véritable guerre contre le temps, pour le plaisir de tous. L’Afrique, les Tropiques et l’Amérique ont, le temps d’un spectacle, étaient réduits à trois congas, magistralement manipulés par ce véritable maître de l’univers du Jazz. Une fin en beauté qui a mis l’eau à la bouche à plus d’un. Rendez-vous est d’ores et déjà pris pour la sixième édition.

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