Culture

Tarik Essaadi : «Le e-journalisme est loin d’être une réalité marocaine»

© D.R

ALM : Comment se porte à votre avis le secteur du e-journalisme au Maroc?
Tarik Essaadi : Un secteur déjà ?! j’ai des doutes là-dessus. Le e-journalisme ou le cyber-journalisme dans son sens professionnel est loin d’être une réalité marocaine. Il y a sûrement de l’information qui circule, même à gogo, sur la toile marocaine, mais il s’agit là d’un flux de news ni organisé, ni structuré. Mais en même temps, cela ne veut pas dire que toute la cyber-news marocaine est hors professionnalisme mais la plupart des flux ne sont que de la documentation déguisée en infos dont il faut vérifier la teneur et la crédibilité. Par contre, nous constatons un flux spécial d’informations qui circule doucement émanant de quelques portails d’informations qui ont su s’adapter avec les rites classiques du journalisme : répondre aux fameuses questions phares d’un texte d’information…, etc. Il y a également quelques blogs et sites qui diffusent de la bonne information (des scoops même) et un contenu marocain plus sérieux. Mais c’est rare. À part l’information, on peut lire des avalanches d’idées et d’opinions sur la toile du Royaume, qui aidera sûrement un jour à créer et bâtir un bon contenu du point de vue professionnel. Reste à dire que le Maroc était l’unique pays en Afrique à accorder une reconnaissance aux journalistes qui travaillent sur la toile. Ainsi, dès 2004, quelques journalistes marocains avaient déjà reçu leur carte professionnelles pour exercer en tant que journaliste en ligne. Ce geste symbolique doit connaître d’autres suites et formes de soutien, formation et législation. Pour dire un mot aux débutants dans le e-journalisme, vaut mieux intégrer une école de journalisme reconnue par la profession et acquérir quelques notions de multimédia par la suite. Et surtout, il faut du respect à nos anciens qui nous ont enseigné dans la vie en général et le journalisme en particulier et n’oublions surtout pas l’humilité, et cela ne peut venir qu’avec le cumul des expériences.

Parlez-nous de l’expérience de votre portail «e-marrakech» et de la place qu’il occupe au sein des portails du même genre?
Ce n’est pas à moi de parler de e-Marrakech (rires), mais s’il le faut, il s’agit d’un projet Web qui archive un peu la naissance et la petite histoire du contenu marocain sur Internet. Il a sans doute une place honorable sur la toile marocaine et maghrébine, vu son ancienneté (créé en 2000) et sa persévérance à rester vivant et à jour sur la grande toile, tout en ayant la patience et la passion qu’il faut comme moteur de vivacité. Depuis le début de la création du site e-Marrakech.info nous avons voulu garder notre «indépendance» au niveau des choix. Aujourd’hui, nous sommes toujours sur la voie de faire du site emarrakech un bon produit ejournalistique, et ça ne tardera pas beaucoup à se faire sentir. Aussi, je profite de votre question pour vous annoncer que le site eMarrakech a eu l’honneur de lancer la première application marocaine sur IPhone. L’application «eMarrakech» est disponible gratuitement sur l’App-Store d’iPhone. Son objectif principal est de faciliter l’accès à l’information marocaine partout dans le monde. Ainsi, ce support permet à «e-Marrakech» et aux informations sur le Maroc de développer un nouveau mode de consommation encore moins utilisé dans plusieurs pays du Maghreb et du monde arabe. Cette application e-Marrakech permettra donc, entre autres, de consulter les news du Maroc en temps réel de n’importe quel endroit dans le monde, de les commenter, de conserver des favoris et de les partager sur les réseaux selon les besoins. Rappelons également que nous gérons d’autres portails thématique à nous : vivrefemme.net, pointinfo.org, makamate, blog.ma, aeronautique.ma, … et plusieurs blogs thématiques différents dans le cinéma, la technologie, l’info régionale, le bloging…, etc

Face au foisonnement que connaît le secteur, comment pensez-vous que e-marrakech peut se démarquer?
Il peut se démarquer en créant son propre contenu et réussir un certain modèle économique sans toucher au fondement du portail qui est : informer d’abord et débattre après.

Quel genre d’informations traitez vous? Et quelles sont les qualités que doit posséder un e-journaliste ?
C’est le rythme qui est assez différent. Nous n’avons ni les mêmes modalités de publication, ni les mêmes contraintes de bouclage. On publie dès qu’on peut ou au moment même de la tombée de l’information. L’interactivité est plus intense chez nous qu’un média papier. Recueillir, traiter et transmettre l’information au moment où elle se produit. Ce «miracle» de l’instantanéité, les nouvelles technologiques le rendent possible. Les sources documentaires sont vérifiables sur le champ. Tout se crée et se diffuse presque via la toile. La publication en temps réel est devenue le grand identifiant de ce qu’on appelle «presse électronique». À part cela, nous nous intéressons aux informations fraîches et aux textes interactifs avec des liens hypertextes et vidéos, qui rendent les articles plus vivants. En général et contrairement à un blogueur, le e-journaliste doit vérifier l’information et vérifier sa source avant de la mettre en ligne. Mais en résumé, un bon e-journaliste doit avant tout posséder une expérience de terrain et de bonnes qualités rédactionnelles.

Comment se porte le marché publicitaire pour le e-journalisme au Maroc?
Au début des années 2000 avec la bulle Internet, les gens croyaient qu’on était riche juste du fait d’avoir un site Internet X alors qu’on militait à fond pour rester en ligne. Après, de nombreuses Web Agency marocaines ont claqué la souris et n’ont pas survécu. Aujourd’hui, on a le sentiment que cela redémarre avec l’avènement des réseaux sociaux et Web 2.0, les annonceurs semblent retourner à la toile pour communiquer. Et heureusement qu’on a de plus en plus de régies publicitaires marocaines en ligne qui travaillent à leurs côtés pour nous rendre la tâche, nous éditeurs en ligne, pus facile. Mais, il n’y a pas que la publicité pour gérer un média en ligne, on remarque un penchant vers le sponsoring et d’autres activités de web-agency pour financer le média en ligne, d’ailleurs c’est notre model à nous.

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