Culture

Tayeb Seddiki : «J’ai vécu à Derb Sultan des années extraordinaires»

© D.R



Que représente Derb Sultan pour vous?
Tayeb Seddiki : Tout d’abord je tiens à dire que je ne suis pas natif de Casablanca, je suis né à Essaouira. Mais nous sommes venus, toute ma famille et moi, sous la conduite de mon père alors que j’avais sept ans, nous installer à Casablanca précisément à Derb Sultan. Et je n’ai pas beaucoup vécu à Derb Sultan, j’y ai habité durant quatre années. Mais, pour moi, c’était des années absolument extraordinaires. D’abord, j’y ai découvert le sport. D’ailleurs, c’est grâce à cela que je suis devenu un wydadi et international de basket. Je suis un fervent wydadi, la preuve, j’ai appelé ma fille Raja (rires)

Qu’est-ce qui vous a marqué dans ce quartier ?
Ce qui était très important aussi, c’est cette ville un peu cosmopolite où l’on avait un accès immédiat pour les milieux français et espagnol. Ce n’était pas comme à Essaouira où il y avait très peu de ressortissants étrangers. Donc cela m’a permis de m’ouvrir entièrement. Puis, je dois dire que j’étais inscrit à ce qu’on appelait «le collège musulman», anciennement «l’école des fils de notables». Là, j’ai rencontré des professeurs qui ont marqué ma vie . Je citerai entre autres Mr Salou et Mr Foukras qui m’ont beaucoup aidé. Ils ont senti aussi que j’étais très attiré par le théâtre et par l’art dramatique d’une manière générale. Ils m’ont beaucoup encouragé et me donnaient des livres. Ils m’ont poussé à m’aventurer dans ce domaine.

Quel est le trait commun entre Derb Sultan et votre ville natale Essaouira ?
Comme Casablanca, Essaouira  était la ville la plus importante, comme toujours d’ailleurs, il y avait ce mélange, «melting pot» qui m’intéressait énormément. Il y avait aussi la communauté juive. Et moi à Essaouira à six et sept ans, je parlais déjà l’arabe et l’hébreu sans faire de différence entre ces deux langues. Donc cela m’a permis de côtoyer beaucoup d’amis juifs. D’ailleurs la langue hébraïque est la langue la plus proche de la langue arabe. A Essaouira on parlait les deux langues. Donc cela m’a permis aussi un enrichissement extraordinaire.

Quelles sont les personnalités que vous fréquentiez dans ce quartier ?
C’est à Derb Sultan que j’ai connu ceux qui sont devenus mes meilleurs amis. Hélas j’ai perdu quelques-uns. Je me contenterai de mentionner que j’étais l’ami le plus proche de Larbi Skalli que Dieu ait son âme, qui fut un des plus brillants journalistes du Maroc. Il m’arrive de revenir visiter ce quartier. C’était Derb «Kallouti», (Carl Loti). Il y avait dans notre quartier Hajja Hamdaouia qui déjà à cette époque était une grande chanteuse. Il y avait surtout des footballeurs merveilleux.

Dans votre jeunesse à Derb Sultan, qu’est-ce qui vous a aidé à briller plus tard en tant qu’homme de théâtre ?
C’est la lecture. Je n’ai aucun mérite, je suis né dans les livres. Mon père était notaire et en même temps «moufti diar al islamia». Il avait des milliers de livres. C’est surtout la lecture qui m’a aidé à faire ce que j’ai fait jusqu’à présent.

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