A l’approche des fêtes, c’est devenu systématique, de nombreux CD ou DVD estampillés Beatles surgissent comme par enchantement dans les bacs. Apple et Capitol exaucent le voeu le plus cher du légendaire bassiste en faisant paraître une version du “dernier” album des Beatles délesté des artifices de production de Phil Spector, producteur génial certes, mais sollicité à l’insu du plein gré de McCartney. En clair, il s’agit du même disque mais avec un son et des arrangements plus authentiques et fidèles à l’esprit garage censé prévaloir lors de ces fameuses séances qui, bien qu’ayant précédé l’enregistrement d’Abbey Road, ne seront publiées qu’après. On le sait, et un film en témoigne, les Beatles (et leurs compagnes !) étaient alors en désaccord sur presque tout. Pourtant, les chansons mises sur bande dans ces conditions peu propices à la création musicale, valent presque toutes le détour. On retrouve ainsi ici des versions de Across The Universe, One After 909, For You Blue ou Dig A Pony sans les arrangements spectoriens. La prise de The Long And Winding Road proposée est différente des connues et celle de Two Of Us n’est plus précédée par ces bribes de dialogues toujours jugées intempestives par Paul McCartney. Les notes de l’épais livret ne précisent pas si John Lennon se retourne dans sa tombe, mais Ringo Starr, dernier Beatles survivant avec Macca, se déclarait récemment très satisfait du son de ce Let It Be… Naked qui a au moins le mérite de montrer le plus fabuleux quatuor de l’Histoire de la pop dans son plus simple appareil.