La troupe Dabathéâtre revient à nouveau avec une nouvelle pièce de théâtre intitulée «80 degrés». Après «Il/Houwa», le dramaturge Driss Ksikés et le metteur en scène Jaouad Essounani proposent «180 degrés» le mardi 12 octobre à 20h au complexe culturel de Sidi Belyout à Casablanca et le mercredi 13 octobre au théâtre national Mohammed V de Rabat. L’histoire de cette pièce de théâtre sera présentée dans une plate-forme circulaire et tournante de 7 mètres de diamètre. À l’intérieur, quatre paires qui ne se rencontrent jamais. Au centre de la scène comme au cœur de la pièce, il y a l’histoire de A et Z. Le premier est un homme, photographe libertaire, qui tente de voir à travers Z la femme à la burqa, de voir en elle autre chose que son être de tissu. En essayant de figer le moment, A est remué par ce qu’il sonde en Z, âme mouvante et émouvante qui se dévoile sans se déshabiller. Cette relation hybride, mère de confidences et de questionnements existentiels, nourrit tous les commérages à la ronde. Ceux de K et H, frère et sœur désunis, de W et Y, ouvrières, l’une ex-prostituée et l’autre héritière, et de M et N, mari et femme tristement rangés. Empêtrés dans leurs contradictions, ce sont leurs histoires et leurs solitudes qui se déclarent dans celles d’A et Z.
«180 degrés» est une pièce de l’incommunicabilité. La burqa est un prétexte, une métaphore qui cristallise les désirs frustrés, la prédominance du paraître, la prévalence du jugement et la banalisation des stéréotypes. En dramatisant l’histoire d’un amour improbable entre deux êtres que tout sépare de prime abord et en la mettant au centre du dispositif dramaturgique, la pièce procède à une démystification par étapes», a souligné le dramaturge Driss Ksikés. «Comme «il/Houwa», «180 degrés» pousse à la suggestion sans jamais imposer d’idées au public. Si le verbe dit une chose, le corps l’accentue, le confirme ou le décale. Cette dualité entre mise en scène et texte est à la fois l’inscription et l’objet, la cause et l’effet», a indiqué le metteur en scène Jaouad Essounani. Et d’ajouter : «La burqa est un prétexte dans le texte, prétexte sur les planches. C’est le corps comme quête d’identité avec ses frustrations, son exposition, sa surexposition. La mise en espace du texte dans une plate-forme tournante permet de changer l’ordre des scènes. Les personnages sont dans un cercle, qui bouge et donne l’impression que rien ne change. Une sorte de fondu enchaîné cinématographiquement transposé au théâtre, un voyage dont il faut garder, une poésie, un rythme du moment vivant». Cette nouvelle œuvre sera interprétée par Iman Reghay, Jamila El Haouni, Faissal Azizi, Meryem Zaim, Abdenbi Beniwi, Youness Chara , Hajar Chergui et Nouredine Touami. Si la soumission était au cœur de leur première collaboration, c’est aujourd’hui le rapport au corps, dans toute sa négation et sa surexposition, qu’interroge «180 degrés». Il y est question de l’être et du paraître, de stéréotypes et de démystification.