Culture

Timitar : Une nuit pas comme les autres

© D.R

Il y a eu certes moins de monde ce lundi 4 juillet 2005 au soir, mais cela ne peut être mis sur le compte d’une baisse de rythme. En ce jour ouvrable, le degré de surchauffe aura même été plus élevé que celui du week-end. La transe s’est imposée, à l’invite du pétillant "Agadir Gnaoua" d’Aoulad Boujemaâ, venu du haut d’Agadir "Oufella" enflammer une population, gadirie et non gadirie, qui était prédisposée à donner à la "lila" gnaouie sa véritable dimension. "Agadir Gnaoua", précédé de sa réputation de vieux routier de "tagnaouite", qui lui a vallu d’être sollicité pour les festivals internationaux les plus prestigieux au monde, "les Tambours de Brazza" entre autres, a provoqué un beau délire sur la place Al Amal.
Une véritable thérapie était au rendez-vous, dans une atmosphère estivale sereine et dans un décor plutôt ensorceleur. En fond, le magitral "Oufella", nimbé de sa couronne lumineuse, à l’instar d’une vigile, veillait jalousement sur cette mythique place de l’Espoir, le cœur battant de la capitale du Souss. Les artères, qui débouchent sur cette place, ont montré leurs limites, tellement le trafic était dense. Les "krakebs" des Gnaouas d’Oufella" résonnaient comme un appel, les mélodies du sentir (hajhouj, instrument-fétiche des confréries gnaouies) portaient leurs sonorités chavirantes loin, très loin, dans cette ville acquise à la fête. Des jeunes, arrivés en groupe, étaient dispersés en ordre de bataille: ici, des trentenaires coiffés de bérets "rasta", là, des ado’ enfilant des tee-shirt aux tons vifs annonçant la couleur d’une soirée qui s’annonçait flamboyante; ailleurs, d’autres étaient tout de rouge et vert vêtus, le drapeau national était bel et bien en fête. Que reste-t-il à ajouter à cette belle chorégraphie? En avant la musique … Les Gnaouas d’Agadir n’avaient pas besoin de "warming" pour emballer les foules. Le "la" était vite donné avec la légendaire chanson gnaouie, "l’hmami", rendue célèbre par les Beatles casablancais, Nass El Ghiwane. Il n’en aura pas fallu plus pour voir s’installer une étonnante hystérie qui a gagné la place : des doigts levés en signe de V (victoire), des corps jetés en l’air, d’autres, les cheveux en l’air, se déhanchaient au gré des sonorités gnaouies surexcitantes et du frou-frou de ces magnifiques palmiers qui encadrent la place Al Amal. A cette exceptionnelle séance de transe, un groupe espagnol venait mêler son grain de sel. Kepa Junkera, accompagné d’une poignée de Gnaouis, nous a servis une parfaite fusion entre musique de transe et des rythmes modernes. Uu dialogue imposant entre instruments traditionnels et modernes s’est installé: hajhouj et guitare, castagnettes et batterie ont consommé leur "nuit de noces", à la grande joie d’un parterre qui n’a pas tardé à épouser la cadence. C’était parti pour une bonne demi-heure… Trente minutes de bonheur inouï ! Mais gare aux cardiaques, ce n’est pas encore fini. "Rouicha, Rouicha", acclamaient les foules. Le voilà qui fit son entrée en scène, l’Outar en bandoulière, le visage illuminé par un large sourire, au milieu de ses trois percussionnistes (joueurs de bendir) et quatre femmes-vocalistes et devant des foules qui accrochent leurs ceintures pour un voyage, par le transport de la musique, au cœur de la région de Zayane. L’enfant prodige du Moyen-Atlas sert en prélude quelques partitions dans le pur style zayani, caressant en instrumentiste doué les quatre cordes que possèdent son instrument traditionnel. Passé le prélude, Rouicha fit signe à ses instrumentistes de battre du bendir. Le parterre embarque alors pour une longue équipée sur les rythmes captivants de la musique des cîmes, et les timbres bien accordés du choeur féminin qui accompagnait Rouicha. Visiblement ravi de l’enchantement populaire, ce dernier enchaîne ses best-off les unes après les autres. Si l’accent amazigh a prévalu, celui, arabe, n’a pas été en reste. On retient, entre autres, la célèbre chanson "Ya L’ghars" (ô, plants).
Ce soir, Rouicha a "semé" de belles notes. La "récolte" a été une grande bouffée de joie… A minuit sonnante, les festivaliers, dispersés dans les artères, continuaient de chanter… Qui a dit que le bonheur est éphémère?

DNES M’Hamed Hamrouch

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