Culture

Tisalghani : les figures en images

© D.R

ALM : Fidèle à vos habitudes, les  photos que vous exposez actuellement à Rabat mettent en scène des visages aux expressions particulières. Pourquoi cet attachement aux figures ?
Nourredine Tisalghani : Les trois portraits exposés actuellement à la galerie Mohamed El Fassi à Rabat font partie d’une série de trente photographies que j’avais prises, il y a deux ans au Mali. J’avais intitulé cette série : «Les couleurs de Bamako ». Au départ j’avais refusé d’exposer uniquement quelques-unes de ses œuvres, vu que c’est un travail qui doit être apprécié dans sa globalité. Mes photographies sont en effet axées sur la représentations des expressions du visage. Je me dis toujours que lorsqu’on se rend pour la première fois dans un pays qu’on ne connaît pas, il faudrait montrer toutes ces choses qu’on n’a pas l’habitude de voir dans son pays natal. Il faut transmettre cette esthétique propre à chaque pays. Ceci sans avoir un regard misérabiliste de ce qu’on voit autour de nous. C’est ma propre perception de la photographie.

Quelle est justement cette perception personnelle de la photographie ?
Ce qui m’intéresse dans l’acte photographique c’est ce rapport avec l’Humain. En premier lieu c’est d’abord le sentiment humain qui m’interesse. Mes photos ne sont jamais volées, elles sont négociées. C’est toute une technique pour aborder les gens et leur convaincre de se laisser prendre en photos. C’est ainsi que j’arrive à utiliser des focales courtes dans mes photographies pour mieux transmettre cette expression du visage. Il y a toute une relation qui se crée entre moi et le sujet photographié.

Vous êtes artiste photographe, mais vous travaillez également pour un magazine de la place. Comment arrivez-vous à consoler entre ces deux tâches ?
Vous savez, au Maroc, c’est très difficile de vivre de la photographie artistique. Je dirais même que c’est impossible. C’est pour cette même raison que je suis obligé d’avoir d’autres travaux à côté pour subvenir à mes besoins personnels. Cela me permet aussi de financer ma création artistique. C’est une situation qui est plus ou moins normale pour tous les artistes confondus. Je citerais dans ce sens une citation d’un ami français lorsqu’il avait dit une fois que le plus difficile pour un artiste ce sont les derniers jours du mois, les 30 derniers. Une façon de traduire la situation difficile des artistes dans le monde. J’ai décidé donc pour pouvoir m’en sortir de travailler comme photographe pour certains magazines. Si je voulais j’aurais bien pu être très à l’aise financièrement en travaillant avec tous les magazines de la place. Mais cela ne m’intéresse pas, vu que je n’ai pas envie de m’éloigner de mon art et de mes créations.

Quel est votre regard personnel sur la situation de la photographie au Maroc ?
Si l’on compare cette situation à celle d’il y a 5 ou 6 ans on peut dire qu’il y a une nette évolution. Nous remarquons qu’il y a tout de même de plus en plus de belles expositions qui se déroulent dans notre pays. Je pense que l’art photographique est en train de se  développer lentement mais sûrement. Il y a un progrès malgré le fait que la photographie en tant qu’art n’est pas encore inscrite dans l’imaginaire des gens.

Pour quelle raison la photographie a du mal à être considérée comme art à part entière ?
La photographie n’est pas encore appréciée comme un art à part entière étant donné que tout le monde aujourd’hui a accès aux appareils photographiques. Tout le monde croit qu’il peut faire la photographie. Pour la personne lambda, la photo, c’est la photo de famille. Accepter la photo comme un véritable art même si c’est de l’abstraction n’est pas encore gravé dans les mentalités.

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