En exerçant dans différents domaines, tels que le secteur hospitalier, la restauration, l’hôtellerie ou le spectacle, un nombre important de femmes au Maroc travaille au moins deux fois par semaine la nuit. Elles ont ainsi pu s’imposer comme égales aux travailleurs nocturnes hommes. Célibataires ou mariées, certaines d’entre elles, en particulier les femmes médecins, travaillent vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Comme c’est le cas de Dr Zakia Souabny, jeune gynécologue-obstétricienne célibataire, qui exerce, depuis quelques années, son métier à l’hôpital Mohammed V de Tanger. Faisant partie d’une équipe de cinq médecins spécialistes dans la gynécologie-obstétrique, dont deux femmes, cette jeune médecin se dit que sa grande passion pour son métier lui fait oublier la fatigue et le stress du travail nocturne. «L’amour que je porte pour mon métier me pousse à effectuer ma permanence avec autant de dynamisme que d’habitude. Je me donne dans mon travail, sans accorder d’importance au stress et à la fatigue du travail de nuit. En réalité, je ressens de la joie en sauvant une vie ou en aidant une femme à accoucher d’un enfant», affirme Dr Souabny. Outre les femmes médecins, les infirmières font partie de la garde de nuit aux établissements hospitaliers publics ou privés avec une durée de 12 heures (20 heures à 8 heures du matin). «Nous sommes pratiquement debout pendant la durée de nos gardes, qui connaissent, en général, une grande activité avec plus d’accouchements que d’habitude», témoigne une infirmière au service maternité à l’hôpital Mohammed V de Tanger. Et d’ajouter que : «nous sommes obligées de se faire aider à la maison par une bonne pour accomplir les tâches domestiques, sinon nous risquons d’accumuler des heures d’insomnie et de tomber par conséquent malades». D’aucunes des femmes qui travaillent la nuit se disent gênées devant les regards ou critiques déplacées d’un passant, lorsqu’elles rentrent tard le soir à la maison. «Il m’arrive, en tant que journaliste, de couvrir la nuit un événement artistique ou rester tard au bureau lors d’une séance photo pour le magazine», dit Mounia Saïdi, journaliste au Magazine Nesma. Cette dernière fait part qu’elle a beaucoup souffert au début de sa carrière, car elle ne pouvait pas supporter les regards du mépris des passants ou parfois ceux du chauffeur de taxi qui la conduisait pour rentrer chez-elle. «Je suis arrivée avec le temps à gagner plus de confiance en moi et à faire face à ce genre de préjugés», confie-t-elle. En outre, le travail de nuit des femmes peut entraîner des conflits et l’instabilité de leurs foyers. Et quel que soit leur niveau d’instruction ou leur domaine d’activité, elles doivent fournir beaucoup d’efforts pour concilier entre leurs obligations professionnelles et familiales. Comme c’est le cas de l’artiste tangéroise Hind Boulkhir, chef du groupe de musique féminin Al Boughaz, qui dit pratiquer sa passion pour la musique, mais sans négliger sa responsabilité de femme mariée. «Je m’estime chanceuse d’être mariée à un mélomane, qui a l’habitude d’assister à tous mes concerts. Je tiens à me comporter à la maison en une vraie femme marocaine tout en essayant de créer une ambiance familiale et pleine d’amour», révèle Hind Boulkhir.