Le texte adopté le 15 mai par le Parlement turc devait entrer en vigueur ce mardi mais Hmet Necdet Sezer l’a cependant jugé anti-démocratique. Dans un plaidoyer de 21 pages disponible sur son site officiel, le chef d’Etat affirme en effet que cette loi risque « inévitablement de créer des monopoles dans les médias audiovisuels ».
Des voix critiques s’étaient déjà élevées dans le pays pour dénoncer le renforcement de la censure sur Internet – un média balbutiant en Turquie – et la limitation de la liberté de la presse. Mais des mois pourraient bien s’écouler avant que la Cour ne tranche sur cette affaire. Les dossiers du gouvernement Ecevit étant, dit-on, nombreux à se retrouver sur les bureaux des juges.
Reporters sans frontières avait d’ailleurs dénoncé ces nouvelles dispositions gouvernementales « permettant la mainmise renforcée du pouvoir sur le Haut Conseil de l’audiovisuel (RTÜK), la présence de l’armée en son sein, l’aggravation des amendes à l’encontre des médias, la remise en cause de la liberté d’expression sur Internet et la poursuite du mouvement de concentration des médias ». Selon cette loi, le RTÜK serait désormais composé de membres du Conseil National de Sécurité (MGK) – « présidé par le chef de l’Etat et dans lequel siègent les hauts responsables militaires » précise RSF -, et du Haut Conseil de l’enseignement (YÖK), «contrôlé par l’Etat, le Premier ministre et des membres du gouvernement».