Culture

Un café avec… Myriam Jebbor

© D.R

ALM : Thé ou café ?
Myriam Jebbor : Thé.

Vous faites peau neuve et choisissez même FDM comme pseudo. C’est pour la jouer cool ?
«Femmes du Maroc» vient d’avoir 17 ans, et à 17 ans on veut être cool, on a envie de changer de look et de se faire appeler par un pseudo, non ? Plus sérieusement, FDM change tout en conservant l’ADN de «Femmes du Maroc» qui a toujours été militant et glamour. Et au-delà d’accompagner les préoccupations des femmes qui nous ont toujours lus,  nous voulons aussi donner la parole aux jeunes et nous adresser à eux. Et comme les femmes ont de moins en moins le temps de lire, FDM est plus pratique, plus frais; les articles sont concis, ramènent de l’info, des astuces, des conseils et vont à l’essentiel.

Vous venez d’organiser un débat intéressant sur la sexualité. Pourquoi le «nu» et le «cru» font toujours peur aux Marocains ?
Le nu et le cru sont les facettes les plus authentiques de l’humain ; et ce qui est authentique fait peur. Nous avons voulu, en posant la question aux jeunes, savoir ce qui dérangeait, choquait. Dans nos sociétés arabo-musulmanes où tout est quasiment sous contrôle de la religion et de la tradition, où est la place de la vérité humaine et de son authenticité ? Elle n’existe souvent que dans l’intimité ou la clandestinité ; en-dehors de ces cadres, elle est associée à une forme de vulgarité. Au nom du h’ram ou de la h’chouma, ni le nu ni le cru n’ont leur place chez nous.

Qu’est-ce qui différencie la FDM des femmes arabes ?
Il n’y a pas une mais d’innombrables FDM ! Et c’est ce qui fait la richesse de notre pays. La jeune fille qui peut faire ses études à l’étranger et ne manquera jamais de rien, en quoi ressemble-t-elle à celle qui conçoit comme une chance le fait de pouvoir aller à l’école dans la campagne parce que ses parents l’autorisent à parcourir 6 kilomètres par jour alors que ses voisines ne le peuvent pas ? Quel est le lien entre cette femme battue et celle qui milite contre la violence ? Nous retranscrivons chaque mois les témoignages de mondes quasi parallèles. Et comme nous nous penchons aussi sur les combats des femmes dans les autres pays arabes, nous nous rendons compte que nous devons toutes arracher nos droits, nous battre pour plus d’égalité et de dignité, ici comme ailleurs. Chez nous, on écrit, on se bat dans des associations ; en Egypte, on a posé nue sur la Toile comme un cri de détresse pour se réapproprier son corps, ou on manifeste dans la rue au péril de sa vie. En Arabie Saoudite, on prend le volant pour faire avancer les choses !

Une femme comme vous qui défend l’authenticité de la femme marocaine opterait-elle un jour pour la plastie esthétique ?
A priori non, mais qui a dit, très justement, qu’il n’y avait que les imbéciles qui ne changeaient jamais d’avis ? Je n’ai pas de certitude sur ces sujets-là.

Les magazines sont très lus par les hommes. Vous l’imaginez comment, un HDM ?
Je ne l’imagine pas stéréotypé comme on voit parfois, s’adressant uniquement à des hommes intéressés par les voitures, le foot ou les femmes à la plastique irréprochable! A FDM, nous aimons les hommes ! Nous sommes féministes, mais nous ne voulons pas inverser la donne ; nous voulons de l’égalité, de l’échange, du partage et avancer main dans la main avec les hommes. Alors un magazine HDM s’adresserait aux hommes dans toute leur singularité, leur force et leur sensibilité ; et ce serait vraiment une plate-forme de rencontre et d’échange.

Côté Caftan, vous êtes plutôt pour le classique ou le moderne ?
Je suis pour rendre hommage au caftan dans le plus beau de la tradition et dans ce qu’il porte comme histoire et patrimoine. Mais je suis aussi pour un caftan à l’image de la femme marocaine, non pas figé mais en perpétuel mouvement, source d’une réflexion permanente.

Quelles sont les résolutions de la FDM que vous êtes ?
Côté perso ? Profiter de l’instant présent et consacrer davantage de temps aux amours de ma vie : mon mari et nos deux enfants. Côté FDM ? Ce sera un travail d’équipe, comme toujours, pour être au cœur de l’info, répondre aux attentes des femmes, militer pour le changement de la loi concernant l’avortement et la question de l’héritage… Et puis comme toujours, être aussi là où on ne nous attend pas !

Articles similaires

Culture

Propriété intellectuelle : L’OMPI appuie le Maroc

L’organisation soutient tous les aspects de la vie dont le zellige

Culture

Un appel à candidatures vient d’être lancé / FIFM 2024 : A vos films !

Le Festival international du film de Marrakech (FIFM) lance un appel à...

Culture

«Jam Show» sur 2M : elGrandeToto et Dizzy Dros président le jury

Elle vise à promouvoir les talents émergents de la scène rap marocaine

Culture

Villes intelligentes : Seconde édition du salon pédagogique, cette fois-ci à Agadir

Après Casablanca c’est au tour de la ville d’Agadir d’accueillir la seconde...