La mégalopole s’enrichit d’un nouvel espace d’animation : le Festival «Théâtre et Cultures». Initié par la Fondation « Arts vivants », ce festival consacre sa première édition au grand poète-dramaturge espagnol Federico Garcia Lorca. Pour le président de la Fondation « Arts vivants », Noureddine Ayouch, un facteur déterminant expliquerait ce choix : d’abord, le 70ème anniversaire du décès de Lorca, assassiné par la dictature franquiste.
«Un grand poète, et un grand auteur dramatique, qui a marqué le XXème siècle en Espagne et dans la zone euro-méditerranéenne», a fait valoir M. Ayouch. Pour l’écrivain Larbi El Harti, conseiller artistique du festival, « il s’agit de libérer Lorca d’une injustice historique car, depuis toujours, ce grand monsieur a été identifié au mythe idéologique, au détriment de sa force créative et la diversité de son approche de l’art.
Le festival vient réhabiliter sa diversité : artiste-peintre, dramaturge, poète, musicien… ». Le programme du 1er Festival « Théâtre et Cultures » a d’ailleurs été élaboré de manière à faire connaître les différentes facettes de ce grand symbole de l’art et de la culture. En rubrique « Poésie et musique », le programme prévoit, en ouverture de la grand-messe, une rencontre avec le grand Adonis au Complexe culturel Moulay Rachid.
Placée sous le thème « Hommage à Lorca », cette rencontre sera marquée par la lecture d’un extrait de textes de Lorca par la voix du poète syrien, qui sera accompagné en musique par le luthiste marocain Saïd Chraïbi. D’autres seront chargés de lui donner la réplique, à nommer l’écrivain hispanophone Larbi El Harti, et les deux comédiennes Sophia Hadi et Samia Akariou.
Côté « Arts plastiques », la soirée d’ouverture verra le vernissage, dans l’espace d’art du Complexe Moulay Rachid, de l’exposition «Un Regard sur l’œuvre de Lorca écrivain, poète, peintre, musicien et cinéaste». Cette exposition, offerte par la Fondation Federico Garcia Lorca, incorpore des images et des textes qui explorent la vie et l’œuvre de celui qui inventa «Le théâtre du peuple» et osa critiquer, à travers ses textes dramatiques, la dictature du général Franco.
Une adaptation de sa célèbre pièce «La Maison de Bernarda Alba», réalisée par la troupe marocaine «Tacon» (Talon aiguille), sera présentée. Dans cette pièce, Lorca dépeint une Espagne « ménopausée», voire en décrépitude, en allusion à l’avènement d’un régime franquiste qui fit de l’inquisition un mode de gouvernance.
En plus de cette représentation, le programme comprend une rencontre sous le thème « Débattre du théâtre au Maroc » avec les metteurs en scène William Mesguich, Samia Akariou, Yassine Ahajjam, Jamal Khalil (modérateur) et Mohamed Zouhir. A souligner que ce dernier a présenté en 2005 une pièce intitulée «Dar Laman», adaptée du même texte de Lorca «La Maison de Bernarda Alba».
Fêté en poésie, arts plastiques et en théâtre, Lorca le sera également par la danse. Rendez-vous le 19 janvier avec un spectacle de flamenco et danse contemporaine, intitulé « Wad Ras ».
Créé par la compagnie « Increpacion Danza », ce spectacle est inspiré du quotidien des détenus d’une prison pour femmes à Barcelone. C’est un spectacle qui s’inscrit parfaitement dans l’esprit de Lorca, à savoir la révolte contre tout acte liberticide.
Porté à juste titre par la musique flamenco, vecteur des émotions par excellence, ce spectacle interprété par cinq danseuses, rendrait le désespoir et la révolte des femmes derrière les barreaux.
Une belle métaphore chorégraphique de la condition humaine en général et de la condition féminine en particulier.