Ça s’appelle de la musique spirituelle : des textes soigneusement puisés des recueils d’anciens poètes mystiques, une construction musicale peu élaborée. Le style, lui, marque le retour aux sources. C’est sous ce vocal que s’inscrit le travail de l’ensemble Al Sushtari dirigé par Omar Métioui. Ce n’est d’ailleurs pas la première expérience musico-spirituelle de cet artiste tangerois. En 1994 déjà, Omar Métioui crée l’ensemble Ibn Baya, un groupe hispano-marocain de musique andalou-maghrébine. Ce n’est qu’en 1997qu’il fonde l’ensemble Al-Ala Al-Andalusiyya et le groupe de musique soufi Al Shushtari. Ce dernier tire en effet son nom du grand mystique Abû Hassan Al-Sushtari qui compte parmi les grandes figures littéraires qui ont marqué la fin du règne des Almohades. Après avoir vécu au Maroc où il s’imprègne du dialecte marocain, Al-Sushtari plise bagage vers l’Orient. Sur sa route, il traverse les villes de Bougie (Algérie), Gabès (Tunisie) et Tripoli (Libye). C’est là où sa poésie connaîtra un largeessor au sein des confréries religieuses dans différentes parties du monde arabo-musulman. Obéissant aux instructions de son maître Ibn Sabîn, Al-Sushtari erre dans les foires, dansant et chantant des vers qu’il improvise au rythme d’un Bendir suivi par un choeur composé de disciples. L’oeuvre de Al-Shushtari intéresse encore aujourd’hui de nombreux musiciens traditionnels et adeptes des confréries religieuses. Les premiers intègrent sa poésie dans le répertoire des “nouba”, une composition musicale constituée de cinq phrases rythmiques. Les seconds l’utilisent dans le “sama” (concert spirituel basé essentiellement sur le chant vocal). L’autre partie “Dikr” (litanie) est composée de prières répétitives tirées soit du Coran, soit de textes de grands auteurs mystiques particulièrement appréciés dans les confréries.