Le portrait au vitriol d’une société en mal-être. La narratrice, une petite fille, raconte la misère, l’enfance dénaturée, les femmes bafouées dans leurs droits, la pauvreté, l’abus de pouvoir, la peur. Elle nous offre avec des mots simples et poignants le tableau d’une grande cité que nous connaissons bien, Casablanca, tentaculaire, rebelle, grouillante, bruyante, passionnante. Au jour le jour, la vie d’une famille, d’une rue, d’un quartier. Un regard à la fois empreint de naïveté enfantine et d’une lucidité tranchante, de l’humour aussi, parfois noir. La relation triangulaire à la marocaine, père, mère, enfant y est décortiquée, analysée. Le dernier chapitre du livre, «Jour de deuil» est émouvant, intense, bouleversant. Une écriture contemporaine, concise, percutante. Un auteur à la sensibilité à fleur de peau. Extrait (Jour de deuil) Je vais sur le balcon. Un corbillard attend, en bas. Il y a des gens dans la rue qui s’arrêtent pour regarder. Je rentre. Je veux aller vers la chambre où mon papa attend. On ne me laisse pas. Ma soeur a une crise de nerfs. Des femmes la tiennent par les épaules… Je vois des hommes porter sur leurs épaules un paquet enveloppé dans une couverture bleue. Ma soeur hurle et se jette par terre.
(On ne rentrera peut-être plus jamais chez nous,
Soumya Zahy, Eddif – Paris Mediterranée, 2001)