Culture

Une caméra pour crier à l’injustice

Le 24 mars dernier, tous les regards étaient tournés vers «Le fabuleux destin d’Amélie Poulain», grand favori – catégorie «films étrangers» – de la cérémonie américaine des Oscars. C’est pourtant, contre toute attente, un autre Français, Jean-Xavier de Lestrade, dans une autre catégorie – celle du documentaire – qui a raflé la célèbre statuette lors de ce 74ème rendez-vous du septième art. Une surprise mais aussi une consécration pour cet artiste de 38 ans. Ancien élève du Centre de formation des journalistes (CFJ) de Paris, il s’est lancé dans le documentaire en 1992.
Avec pour principale préoccupation, la remise en question du mécanisme de la société, ses tabous ainsi que le fonctionnement de la machine judiciaire. Il a depuis réalisé neuf films dont «La Justice des hommes», en 2000, et «Une Australie blanche et pure», en 1998.
«Un coupable idéal » (diffusé ce jeudi à 18h50 sur France 2) part d’un fait divers : le meurtre d’une blanche par un noir. Dimanche 7 mai 2000, 9h.
Jacksonville, Floride. Sous des serviettes blanches ensanglantées, gît le corps d’une femme. Une touriste blanche, Mary Ann Stevens. Tuée d’une balle tirée à bout portant dans la tête. Seul témoin, son mari. «Le suspect est un homme noir, maigre, avec un short foncé, un t-shirt de couleur indéterminée… il court vers le sud». Les patrouilles alertées, la traque commence. Il n’y avait qu’un jeune noir dans les parages. Alors la police l’arrête. Brenton Butler, 15 ans, cheveux coupés courts, lunettes studieuses. Un ado américain comme un autre, issu de la classe moyenne, passant près de la scène du crime.
Le mari de la victime l’identifie aussitôt. Et après douze heures d’interrogatoire, Brenton passe aux aveux. La police et l’opinion publique tiennent leur «coupable idéal». Les avocats de Brenton, Mac Guiness et Anne Finnell, se battent alors pour transformer le procès d’un adolescent risquant la prison à vie en réquisitoire contre les méthodes de la police.
Filmé et monté comme un véritable thriller, «Murder on a Sunday Morning», version anglaise, dresse la chronique d’un meurtre doublé d’une enquête bâclée. Omniprésente, la caméra filme sans répit les policiers, les réactions du jury, la douleur des parents de l’accusé, le travail acharné des avocats suivis pas à pas dans leur enquête. 110 minutes de suspense déjà primé dans de nombreux festivals, notamment celui du documentaire et des programmes audiovisuels.
Lorsque son oscar lui a été remis le 24 mars dernier, de Lestrade a cité Martin Luther King lorsque celui-ci avait affirmé, en 1963, année de naissance du réalisateur, rêver que chacun puisse être jugé sur ses mérites et non la couleur de sa peau.

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