Culture

Une carte contre le flou artistique

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Jeudi 19 octobre dernier, le décret d’application de la loi relative à la carte professionnelle des artistes a été adopté en Conseil des ministres. Cette loi constituant le statut de l’artiste avait été adoptée au Parlement en 2003.
Aujourd’hui, les professionnels du secteur attendent son entrée en application avec impatience.
Mais avant d’en arriver là, une commission de travail, constituée par le ministère de tutelle, devra déterminer les modalités d’obtention de cette carte.
«Le ministre de la culture devra désigner le représentant de chaque secteur pour constituer une commission de travail», déclare Hassan Nafali, président de la Coalition marocaine des arts et de la culture. Une dizaine de personnes feront partie du comité de pilotage de cette mission et devront établir une base de travail. Objectif: déterminer qui est artiste et qui ne l’est pas. La démarche se traduira par la constitution de dossiers d’informations relatifs aux artistes. Ces informations, relatives à tous les détails de la vie artistique et professionnelle de l’artiste, seront vérifiées minutieusement par les membres de la commission qui jugeront de leur degré de véracité. Voilà qui devrait rassurer et satisfaire M. Nafali.
A titre d’exemple, pour un cinéaste ou un metteur en scène, la durée de sa carrière et le nombre de ses productions pourront déterminer s’il peut ou non bénéficier du titre d’artiste et par là-même de la carte professionnelle. Pour M. Nafali, la carte professionnelle pourra faire bénéficier son détenteur de certains droits.  Cette réorganisation pourra en outre permettre aux syndicats de mieux défendre la profession, notamment en faisant pression sur les employeurs.
«Nous pourrons par exemple nous rendre sur les lieux d’un tournage et vérifier si les artistes ont signé un contrat, et si ce n’est pas le cas engager des poursuites judiciaires», souligne Hassan Nafali. 
La carte professionnelle, qui s’annonce comme le remède à de nombreuses dérives du secteur, pourra-t-elle nous protéger également de la médiocrité créative, notamment à la télévision ? C’est en tout cas l’avis du comédien Hassan Skalli. Pour ce pionnier extrêmement soucieux de la qualité, la loi sur la carte professionnelle est une excellente initiative : «Le métier d’artiste a souvent été la porte ouverte à l’invasion d’individus qui n’ont aucune formation. Cette carte professionnelle pourra enfin organiser le secteur». M. Skalli conclut par cette déclaration : «la carte professionnelle est un pas en avant vers la réorganisation du métier d’artiste».
Le réalisateur Mohamed Ismaël estime, quant à lui, qu’il est temps que l’artiste ait une carte professionnelle. Mais que cela ne changera pas vraiment grand-chose à l’avenir de l’art et de la culture : «La carte professionnelle n’est pas le plus important, il faudrait plutôt penser aux infrastructures culturelles qui sont inexistantes» affirme-t-il.


 Les cachets des artistes dans la loi de finances


Le salaire des artistes n’est pas soumis à l’impôt sur le revenu. Seuls les artistes patentés payent un montant forfaitaire annuel qui avoisine les 500 DH. La nouvelle loi de finances 2007 stipule, dans son article 60, que le montant brut des cachets est soumis à la retenue à la source au taux prévu à l’article 73 et ce, après un abattement forfaitaire de 40%.
Concrètement, cela signifie qu’un pourcentage de 30% sera déduit du montant global du cachet de l’artiste. Mais selon Hassan Nafali, le président de la coalition marocaine des arts, la taxe sur le revenu concerne uniquement les comédiens et autres professionnels dont les œuvres sont diffusées à la télévision. Tandis que pour les autres secteurs comme le théâtre, les cachets sont tellement dérisoires qu’ils sont exonérés d’impôts. Autant dire que l’Etat préfère fermer les yeux pour ne pas paraître s’acharner sur une profession qui a du mal à subsister.       

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