Culture

Une convergence entre les moghols indiens et le soufisme marocain en ouverture de la 15ème édition

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«Si, à Fès, on évoque les successifs âges d’or de la civilisation islamique, dans cette partie du monde on peut penser à ces siècles glorieux entre le Xème et le XIVème où Fès, Cordoue, Séville, Grenade étaient les phares d’une civilisation qui s’étendait en Orient jusqu’à l’Inde, au Bengale et au-delà».

 

Le Festival de Fès de la culture soufie part au-delà des frontières. Pour éblouir le public présent à l’ouverture, samedi soir, de sa 15ème édition, qui se poursuit jusqu’au 29 octobre, cette manifestation s’est, tel que le révèle son président Faouzi Skali, tellement ouverte «aux différentes cultures spirituelles du soufisme à travers le monde que nous pouvons avoir une représentation qui nous fait voyager entièrement sans qu’il y ait aucune référence locale». Le tout en détaillant les dessous de la création d’ouverture.

Rencontre entre l’Islam soufi et la tradition hindouiste
«Nous voyons à quel point l’Islam est riche de ses cultures, de ses diversités, de ses spiritualités. Ce sont aussi toutes les spiritualités non musulmanes qui existent dans le monde de la civilisation islamique comme nous avons pu le voir ce soir dans cette convergence des deux océans «Majmaâ El Bahrain», l’océan de l’Islam soufi qui va rencontrer l’océan de la tradition hindouiste. Nous sommes allés très loin pour trouver ces ressources et les faire venir jusqu’ici», explicite le président qui ne manque pas de devoir une fière chandelle au Souverain lors de la conférence inaugurale animée à la Medersa Bouananiya par l’historien américain Michael Barry, également spécialiste de l’Afghanistan. L’occasion pour l’invité de dévoiler une œuvre ayant trait à cet endroit prestigieux.

Une duplication de la Bouananiya en Amérique
Dans ce sens, le conférencier explicite le procédé artistique de la duplication de cette medersa au Metropolitan museum of art de New York par Kamaleddin Behzad, grand maître de la miniature persane originaire d’Herat. Entre-temps, il remonte également aux similitudes entre arts espagnols de Grenade et marocains de Fès. Quant à l’œuvre de Behzad, elle est marquée, tel que l’ajoute M. Barry, par «l’ajout de deux personnages». Il s’agit de Yusef et Zuleykha (la très belle femme). Lors du concert d’ouverture, il ne manque pas de donner de plus amples détails.

Le Prince Dara Shikoh et le soufisme marocain
C’est le personnage objet de la création d’ouverture. Il s’agit d’un empereur moghol de Perse au XVIIème siècle. «Si, à Fès, on évoque les successifs âges d’or de la civilisation islamique, dans cette partie du monde on peut penser à ces siècles glorieux entre le Xème et le XIVème où Fès, Cordoue, Séville, Grenade étaient les phares d’une civilisation qui s’étendait en Orient jusqu’à l’Inde, au Bengale et au-delà», avance l’historien. Et ce n’est pas tout ! «Pour établir un dialogue où les empereurs moghols voulaient réunir le monde indien entier dans la loyauté envers leurs couronnes, il leur fallait aussi aborder la spiritualité. C’est alors qu’ils ont choisi le soufisme tel qu’il s’est élaboré particulièrement chez les Marocains», ajoute M. Barry qui nomme le soufisme hispano- andalou d’Ibn Arabi qui a tendu la main aux Brahman. C’est cela que le prince objet de la création a appelé «Majmaâ El Bahrain» en allusion à la sourate Al-Kahf «La caverne».

Un grand monarque et une ascendante de Rumi
De son côté, la directrice artistique du festival, Carole Latifa Ameer, indique: «C’est un grand soufi qui m’a inspirée pour cette création au Maroc». «Ici dans le Royaume, nous avons un grand monarque, Sa Majesté qui œuvre pour réunir les différentes traditions spirituelles», poursuit-elle en estimant que Dara Shikoh est incarné en la personnalité du Souverain. Quant au spectacle, il enchaîne, non-stop, des rythmes, chants ainsi que des chorégraphies Kathak, nées du rapprochement entre les cultures hindoue et musulmane. Il y avait de quoi couper le souffle. Le tout marqué par la présence de la descendante, ainsi que son frère, de la 22ème génération de Jalal Din Rumi, venus de Konya en Turquie. D’autres surprises sont probablement attendues lors de ce festival. «Le voyage ne fait que commencer», exalte M. Skali.

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