Culture

Une culture pérenne

On l’a vue. On nous a présenté tous ses attraits. On a loué à cor et à cri ses mérites. On nous a même montré à quoi elle ressemble, et puis elle a disparu. De nombreuses personnes cherchent à la posséder, mais ignorent tout de son adresse. «Elle», c’est l’anthologie de la chanson marocaine, un travail considérable qui rassemble 30 CD répartis dans quatre coffrets. Il a été réalisé par le ministère de la Culture grâce à une convention signée avec Maroc-Telecom qui a financé le projet. Un financement substantiel : 2,26 millions de DH.
Le musicologue Ahmed Aydoun a supervisé cette réalisation. Cet homme, qui a déjà écrit un livre intitulé «Musiques du Maroc» connaît bien son sujet. Il a observé une répartition géographique qui rend compte des traditions musicales propres à chaque région. «C’est un panorama des genres musicaux les plus représentatifs dans notre pays. Il comprend Al Aïta, les chants du Moyen-Atlas, les Hmadchas, les gnawas, les Abidat R’ma, la chanson hassanie, la taqtoqa etc.
Nous avons favorisé une répartition géographique et ethnologique, parce qu’un travail historique nécessite de longues recherches et des moyens que ne nous possédons pas», dit-il. La chanson moderne ne figure pas dans ces enregistrements, parce qu’elle «est bien servie par la télé et la radio, et qu’un travail de ce genre est compliqué en raison des droits d’auteur», ajoute-t-il. Les artistes à qui il a été demandé de réaliser des enregistrements ont dû se soumettre aux genres traditionnels et populaires. Mohamed Rouicha a interprété à cet égard le répertoire traditionnel du Moyen-Atlas. Tout cela nous promet peut-être quelques enchantements à l’écoute, mais où se procurer les coffrets ? «Au ministère de la Culture», répond Ahmed Aydoun. Ce ministère ne possède pas de structure de diffusion, et pour commercialiser ses produits, il doit de surcroît passer par un arrêté conjoint avec le Ministère des finances. Nous voici donc informés sur l’endroit de vente des quatre coffrets. Quant à leur prix, il faut l’estimer à une cinquantaine de dirhams par C.D. et le calcul est vite fait.
D’autre part, les chanteurs et musiciens se sont déplacés dans deux studios à Rabat pour réaliser les enregistrements : «Sham’s Al Maghrib» et «Adouwaâ al Madina». Le choix de ces deux studios se justifie par la volonté de faire vite, et parce que ce sont les deux grandes structures à Rabat, selon Ahmed Aydoun. Personne ne peut contester que cette anthologie préserve un patrimoine précieux. Elle permet aussi une écoute de qualité. Il reste maintenant au ministère de la Culture de commercialiser cet ensemble de coffrets pour qu’un grand nombre de personnes en profitent. À quoi bon réaliser des oeuvres qu’il garde dans les circuits labyrinthiques de ses caves?

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