Culture

Une Fondation de l’avenir

© D.R

Elle est le fruit d’une initiative d’un groupe d’amis de l’un des auteurs les plus en vue au Maroc. Elle siègera à la Bibliothèque nationale de Rabat et sera présidée par Hassan Aourid, porte-parole de S.M Mohammed VI et président de l’Association Tarik Ibn Ziad. Annoncée lundi dernier à Rabat lors d’une conférence de presse, elle entamera ses activités à partir d’octobre prochain. Elle, c’est bien la Fondation Edmond Amran El Maleh.
Une fondation à vocation strictement littéraire et qui aura pour mission principale de se focaliser sur tout ce qui ressort de l’activité littéraire. A l’ordre du jour, même si le programme d’actions n’a pas encore été défini, comme nous l’a expliqué M. El Maleh, la mise en valeur du génie propre à notre culture, à savoir la pluralité irréductible de ses composantes, la langue en tout premier lieu. Il s’agit également, comme l’a précisé M. Aourid, dans des propos relayés par l’agence MAP, d’un acte de foi et de fidélité à une certaine idée de la culture et de l’identité marocaine qu’aussi bien la personne que l’oeuvre d’Edmond Amran El Maleh incarnent. «Nous sommes à un moment où nous commençons à entrevoir la culture marocaine comme étant un phénomène pluriel, sans pour autant nourrir quelques suspicions quant à cette pluralité», a noté M. Aourid, appelant à oeuvrer dans le sens d’une meilleure gestion de cette diversité culturelle.
Egalement présent lors de cette conférence de presse, André Azoulay, conseiller de S.M le Roi, a souligné que la naissance de cette fondation va nous aider à mieux résister à la tentation de l’amnésie et à l’indifférence, s’agissant de la lecture objective et exhaustive de notre propre histoire.
Rappelant l’émergence d’une prise de conscience de la dimension plurielle de l’identité et de l’histoire au Maroc, M. Azoulay a toutefois noté que cette émergence est «fragile» et «timide».
«La tendance dominante est celle de l’uniformité et du raccourci… les générations montantes n’ont pas reçu une formation qui peut leur permettre d’avoir une lecture complète et réelle de leur propre histoire», a déploré le Conseiller de S.M. Le risque n’est autre qu’une identité qui est peut être amputée d’une partie de sa réalité.
La création de la fondation est le démarrage d’une action qui, en plus de la reconnaissance et de l’hommage à l’oeuvre d’Edmond Amran El Maleh, en partant de ses écrits, «va nous aider à reconstruire ce que nous avons en partie perdu», a souligné M. Azoulay, remarquant que nous assistons à l’acte fondateur d’une institution « qui va aller plus loin pour redonner à notre histoire, notre mémoire et notre parcours la totalité de leurs couleurs». De son côté, Edmond Amran El Maleh a souligné, comme le rapporte l’agence MAP, que la fondation se veut un lieu ouvert et indépendant par rapport à toute appartenance politique ou religieuse. Visant à instaurer une sorte de dialogue en dehors de «tout académisme», cette institution se veut aussi un lieu pour se réunir et discuter de thèmes qui nous préoccupent tels la langue et la culture sans laquelle «il n y aura pas de démocratie».
«La culture, qui n’est pas l’apanage des intellectuels, repose sur des valeurs fondamentales telles la convivialité, la dignité, le respect de l’Autre et une façon de vivre ensemble», a dit l’écrivain. La valeur de cette institution et sa justification, comme l’a si bien remarqué Edmond Amran El Maleh, tiendra donc à sa capacité de s’ouvrir sur l’avenir, de répondre, dans la mesure du possible, aux attentes et aux besoins, aux urgences qu’impose la situation actuelle de notre culture soumise à des défis destructeurs.

Edmond Amran El Maleh : une vie, une oeuvre
Né en 1917 à Safi, au sein d’une famille juive originaire d’Essaouira, Edmond Amran El Maleh a été professeur de philosophie et journaliste à Paris. A partir de 1980, à 63 ans, il se met à écrire une série de romans et des recueils de nouvelles. Ses écrits sont tous imprégnés d’une mémoire juive et arabe qui célèbre la symbiose culturelle d’un Maroc arabe, berbère et juif. Il a reçu, en 1996, le Grand Prix du Maroc pour l’ensemble de son oeuvre, dont « Le café bleu. Zrirek », « Mille ans, un jour », « Le Retour d’Abou El Haki », « Jean Genet, le captif amoureux et autres essais », « Aïlen ou la nuit du récit » et « Parcours immobile ». « Ecrivant en français, je savais que je n’écrivais pas en français. Il y avait cette singulière greffe d’une langue sur l’autre, ma langue maternelle l’arabe, ce feu intérieur », avait confié un jour à la presse Edmond Amran El Maleh.

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